Antoine Granet a toujours eu peur du loup, et plus tard de l’Allemand, du Prussien, du « boche ». Lorsqu’il arrive sur le front, incorporé dans un bataillon de chasseurs alpins, Antoine sait qu’il devra affronter sa peur. En juillet 1915, il participe à la terrible bataille du Linge. Confronté à l’horreur de la guerre, et à toute son absurdité, comment trouvera-t-il la force de survivre ? L’ennemi, ce loup effrayant, est-il vraiment celui qu’il croit ?

Victor Lepointe choisit la pédagogie avant chaque micro-développement. Progresser dans la lecture avec des têtes de chapitre documentées accompagne bien l'action et constitue une expérience didactique. Il a voulu illustrer un épisode douloureux de la "Grande Guerre", en insistant sur le ressenti de ses personnages. Pourtant, ils doutent peu, voire jamais. Ni de la tactique de leurs supérieurs, ni de leurs compétences. Ils sont grands, beaux, forts, (très) propres et l'ambiance s'avère finalement assez détendu. La fraternité des combattants, leurs peurs, leurs angoisses, leurs doutes sont perceptibles, tout est cliniquement posé. À part, la fameuse attaque meurtrière promise par le titre, il ne se passe pas grand-chose dans ces tranchées en termes de pur récit, contrairement à Albert Roche. C'est mieux que visionner un livre d’Histoire, factuel, descriptif, surtout qu'une BD apporte quelque chose de plus : synthétiser, raconter, (sur)prendre le lecteur, l’immerger, l’étourdir, non pas le préparer à une interrogation surprise en fin d’album. Avec sa sincérité indéniable de porter cette bataille à la postérité, Victor Lepointe montre le potentiel polysémique entre chasseurs (alpins) et loups (les Allemands).  Graphiquement, il a ainsi pu renforcer l’animalité des combats et la diabolisation de l’ennemi avec, in fine, des "chasseurs" qui se font chasser.