Eddie Coyle a cinquante ans et n'attend plus grand-chose de la vie. Il gagne sa vie comme intermédiaire entre des trafiquants d'armes et une bande de braqueurs. Mais un jour, le policier Foley l'arrête en possession d'alcool de contrebande. Pour éviter une lourde peine, Coyle est contraint de révéler les noms de ses « amis ». Inutile de préciser qu'ils ne le prennent pas bien.
Robert Mitchum n'est pas un criminel aguerri, il n'est ni le plus intelligent, ni le plus spirituel, ni le plus féroce. C'est simplement un homme de cinquante ans qui a toujours vécu de sa débrouillardise et dont la participation à un vol lui a valu une condamnation imminente et une main cassée. Cependant, tout en essayant de coopérer avec la police (par l'intermédiaire d'un agent louche et beau parleur), il continue de servir d'intermédiaire dans l'achat et la vente d'armes à un gang. Ce dernier les utilise (à son insu) lors de braquages de banque soigneusement planifiés. Cependant, le cynisme du policier qui l'utilise comme informateur et l'habileté d'un autre informateur, qui fera porter à Coyle la responsabilité de la découverte du gang par la police, lui seront fatals. Une intrigue qui déconstruit progressivement la tension croissante caractéristique du film noir. Coyle n'est le protagoniste d'aucune scène d'action, il ignore même qu'il est condamné par l'organisation criminelle et il n'a même jamais de confrontation directe avec son bourreau. Dans un portrait où aucun personnage n'est positif : les interprétations inoubliables du policier incarné par Richard Jordan (aussi détestable que le personnage qu'il interprétait dans « I Am Valdez » ) et du barman-informateur joué par Peter Boyle (tout aussi méprisable), le spectateur assiste au déclin du protagoniste dans un portrait mélancolique et soumis (mais lucide), impeccablement interprété par Robert Mitchum, l'anti-héros par excellence. La description du quotidien de Coyle est sans fausse note : sa femme est une ménagère ordinaire qui peine à joindre les deux bouts (ils s'enlacent dans une cuisine miteuse), Coyle est montré dans des gestes ordinaires (avec un caddie ou en train de boire dans un bar). Le système mis en place pour accomplir les braquages ??est brillant. À ne pas manquer.
VERDICT
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Un film totalement atypique. Et un film qui puise une inspiration exceptionnelle dans cette rupture avec les normes du genre.