Réalisé par Steven Spielberg.
En 1952, Sammy Fabelman (Mateo Zoryan) assiste pour la première fois à une séance de cinéma en compagnie de ses parents. L'accident de train qui y est présenté donne des cauchemars au garçon. Sa mère Mitzi (Michelle Williams), inquiète, l'autorise à reproduire l'accident de train avec son train miniature et à le filmer. C'est ainsi que débute la grande passion de Sammy pour la réalisation de films, que sa mère à l'esprit artistique encourage, mais que son père ne considère que comme un hobby. La famille déménage à Phoenix, Arizona, où le père, Burt (Paul Dano), occupe un nouveau poste d'ingénieur. Bennie (Seth Rogen), ami et collègue de longue date de Burt, qui fait pratiquement partie de la famille, s'y installe également. L'adolescent Sam (Gabriel LaBelle) réalise des films de plus en plus élaborés, avec l'aide de ses amis scouts. Il filme également sa famille lors d'une sortie en camping - où il fait une découverte choquante. Après un nouveau déménagement en Californie, la famille se retrouve dans une grave crise. Et Sam est harcelé à l'école par deux camarades de classe en tant que juif. Monica (Chloe East), animée d'une foi chrétienne, veut le convertir, mais surtout l'embrasser. Après avoir terminé l'école en 1964, Sam doit-il écouter son père et faire des études ou se diriger vers le cinéma ?
Steven Spielberg, triple lauréat d'un Oscar et réalisateur de classiques hollywoodiens tels que "Les Dents de la mer", "E.T. - L'extraterrestre", "La liste de Schindler", "Jurassic Park" et plusieurs films "Indiana Jones", raconte l'enfance et l'adolescence d'un cinéaste passionné. Sammy Fabelman est le personnage que le réalisateur, qui a écrit le scénario avec Tony Kushner, invente pour le public du cinéma comme son alter ego. L'amour de Sammy pour le cinéma - de sa première sortie au cinéma en 1952 à la rencontre du jeune homme avec la légende de la mise en scène John Ford (David Lynch) en 1965 - fixe le cadre temporel du drame. Le regard transfiguré est souvent accompagné d'une douce ironie et d'une autodérision. Lorsqu'un long métrage dure deux heures et demie, le scepticisme est de mise. En effet, au début, Spielberg consacre trop de temps au bonheur familial, aux fêtes, au déménagement à Phoenix. Michelle Williams joue la mère Mitzi avec une naïveté particulière, délibérément imposée, comme un être chatoyant d'un autre monde. Les autres personnages, comme le père Bruno et surtout les sœurs de Sammy, ne sont que des accessoires. La tension monte dès que des fissures apparaissent dans la vie familiale et lorsque l'adolescent Sam est harcelé par des sportifs blonds et antisémites de sa classe d'âge. C'est là que Spielberg montre son talent pour raconter des histoires émouvantes. Mitzi ne se réduit pas au cliché d'une femme au foyer qui se sacrifie, pas plus que Sam, le marginal scolaire, ne doit souffrir sans cesse. Au contraire, Spielberg décrit avec humour la fascination ambiguë qu'exercent sur Sammy son amie Monica et un adversaire stupide au beau corps. Spielberg semble toujours réfléchir à l'art de faire des films. Sammy présente les films qu'il a réalisés lui-même devant un public de plus en plus nombreux. Gabriel LaBelle joue de manière convaincante la curiosité et la méticulosité bricoleuse du jeune réalisateur. Le western et le film de guerre nécessitent des effets spéciaux tels que des éclaboussures de sang, des fontaines de sable et des cascades que l'adolescent intègre à la stupéfaction de tous. Mais sans le jeu d'acteur et l'expression des sentiments, le spectacle ne devient jamais une histoire captivante - comme Spielberg adulte, Sammy le sait déjà. Et il découvre aussi que la caméra du film peut arracher à la réalité des secrets que l'œil nu ne voit pas. La recette de Spielberg, qui consiste à nourrir son hommage au cinéma d'histoires personnelles, fonctionne ainsi de manière convaincante.
VERDICT
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Dans ce drame, le réalisateur Steven Spielberg revient sur une enfance et une adolescence dans les années 1950 et 1960 qui ressemblent probablement beaucoup à la sienne. En effet, son héros Sammy Fabelman se découvre très tôt une passion pour la réalisation de films. L'interprétation naïve et exagérée de Michelle Williams, la mère artistiquement douée, s'accorde bien avec cette histoire légèrement transfigurée et accompagnée d'une douce ironie. Après quelques longueurs initiales, ce drame épique déploie ensuite la tension captivante qui distingue un grand cinéaste d'un réalisateur moyen.