Il était une fois.

Développé par Koalabs Studio, Syberia 3 débute exactement là où nous avions laissé le précédent. Après avoir quitté l'île de Syberia, Kate Walker se retrouve à la dérive sur un petit bateau artisanal. La jeune femme est retrouvée mourante en pleine Sibérie par la caravane youkole. Le peuple de nomades accompagne la transhumance séculaire des autruches des neiges vers les steppes sacrées, lieu de leur reproduction. Bloqués sur les rives du lac qui borde la ville de Valsembor, ils décident de confier Kate à la clinique du village. C'est dans ce lieu sinistre que la jeune femme reprend connaissance, avec autour du cou un étrange médaillon, le Cœur d'Oscar, pour seule trace de son voyage sur l'île de Syberia. Se sentant redevable envers les Youkols qui l'ont sauvée, Kate décide de les aider pour qu'ils puissent continuer leur progression. En visitant le village et les ruelles de Valsembor pour trouver des solutions, Kate va découvrir ses habitants, son histoire ainsi que la ville qui lui fait face, de l'autre côté du lac, Baranour. Une ancienne cité modèle d'un régime industriel dévastée suite à une explosion nucléaire, où trône un parc d'attraction sur la conquête spatiale et un stade olympique abandonné.

Bref, Kate devra non seulement s'enfuir de ce lieu reculé, mais également aider le groupe nomade à gagner sa destination. Durant l'aventure, vous rencontrerez pas mal de personnages, plus ou moins sympathiques d'ailleurs, qu'il faudra interroger. Une foule de sujets de discussion est présente et il faudra employer tout votre savoir-faire pour espérer enfin décrocher l'indice qui vous aidera à avancer. Syberia 3 est truffé d'énigmes en tout genre, toujours habilement mise en place par le scénario. Inutile de cherchez midi à quatorze heures, il suffira bien souvent de trouver le moyen d'actionner un levier ou encore ouvrir une porte. Cependant, l'aventure aborde cette fois différents thèmes actuels (l'alcoolisme, la religion et le racisme notamment), preuve que les concepteurs ne se sont pas bornés à reprendre les recettes du passé.

Une réalisation à la hauteur ?

Graphiquement parlant, Syberia 3 est le premier opus de la série évoluant en 3D. Si la réalisation s'avérait déjà très perfectible sur PS4 et Xbox One, cette mouture Switch n'a rien arrangée car il a fallu faire des compromis pour faire tourner le jeu sur la console hybride. Le graphisme manque encore plus de précision, les temps de chargements sont longs et fréquents, toutefois la direction artistique est charmante et le titre globalement moins buggé qu'à sa sortie initiale fin 2017. L'univers est très bien conçu et habilement mis en place par Benoît Sokal, malgré des expressions faciales un peu figées. On n'échappera pas à certaines raideurs dans les déplacements, mais elles sont fréquentes dans les jeux d'aventure point'n click. Les cinématiques sont toujours très bien introduites et servent le scénario, tout en incorporant quelques flashbacks destinés à vous remémorer les opus précédents. Après treize ans d'attente, ce n'est pas du luxe. Switch oblige, le contrôle reprend la même interface que sur les précédentes moutures. Pour diriger Kate, vous utiliserez le stick analogique gauche, pour interagir avec le curseur, il suffira d'appuyer sur le bouton B. Les contrôles pourraient apparaître un peu rigide (pour ne pas dire old school), mais on s'en sort assez rapidement. Il est d'ailleurs possible de sauvegarder n'importe où et de profiter également d'une prise en main totalement tactile en mode nomade. A l'image de The Walking Dead par exemple, les dialogues à choix multiples sont fréquents. Malgré la 3D, les angles de caméra restent pour la plupart du temps fixe, heureusement car certains problèmes de collision sont encore présents.

Côté sonore, les musiques d'Inon Zur sont très bien orchestrées mais restent très discrètes. Les bruitages contribuent à renforcer l'ambiance, et le doublage Français est de très bonne qualité. D'ailleurs la voix de Kate Walker vous semblera très familière. Comptez environ quinze heures pour terminer l'aventure, un ensemble très honorable compte tenu du prix de vente proposé. La difficulté reste raisonnable et Syberia 3 affiche une grande logique dans la conception de ses énigmes. Vous devriez avancer sans peine dans l'aventure. Cette version Switch intègre directement sur la cartouche l'extension "Un plan bien huilé", vous permettant d'incarner Oscar, le célèbre automate, et de découvrir un nouveau pan du voyage de Kate Walker. Le personnage devra en effet solutionner le mystère de la disparition de l'héroïne, enlevée par le détective privé Nic Cantin qui doit la ramener de gré (ou de force) à New York.