Japon, 1461. Sayo a seulement 12 ans lorsqu'elle assiste impuissante à la destruction de son village par le pirate Yoshinaka. Ce dernier décide de l'enlever et de la rebaptiser Tomoë, en hommage à son ancêtre Tomoë Gozen (une femme samouraï dont elle a semble t-il hérité de ses dons à l'épée). Le pirate souhaite la transformer en puissante guerrière avant de l'épouser, car à la fin du XXIIème siècle, Tomoë Gozen était la maîtresse de l'ancêtre du pirate Yoshinaka, un couple devenu légendaire en s'emparant de la capitale japonaise de l'époque, Kyoto. Le pirate entend donc reconstituer quelque part le couple mythique et tirer parti des turpitudes qui affaiblissent actuellement le pouvoir du Shogun. Les oppositions entre deux frères sont attisées par deux chefs de clan rivaux. Nous assistons ainsi à la formation au maniement des armes en compagnie d'Oda, le fils du pirate, puis l'apprentissage de la culture littéraire de Sayo avec un moine lépreux. Pendant ce temps, les jeux de palais se multiplient. Alors que le Shogun aspire à une vie plus calme, le pays apparaît plus divisé que jamais ...

A Kyoto, les seigneurs Yamana et Hosokawa luttent pour le pouvoir, tandis que le pirate Yoshinaka entend profiter du chaos pour asseoir son ascendant. Si Tomoë est tombée amoureuse du fils du pirate, cette romance naissante est condamnée à l'échec et la jeune femme est contrainte d'épouser Yoshinaka de peur que le pirate n'exerce du mal sur Oda. Tomoë attend désormais le moment propice pour exercer sa vengeance. Inspiré de faits historiques réels, le diptyque Tomoë se déroule lors de la guerre d'Ônin, une période de conflits qui s'étalera sur plus d'un siècle. L'ouvrage s'inspire aussi des folklores locaux : Tomoë dispose d'un pouvoir sur les mouvements de l'eau, ce qui lui donne un avantage au combat consécutif. Plus prosaïquement, Tomoë est un personnage très ambivalent. Sur le champ de bataille, elle devient une véritable guerrière prête à tout pour en découdre, tandis que dans les bras d'Oda, elle redevient une jeune femme douce et apaisée. Côté dessin, le travail de Tieko est indéniablement soigné. Les personnages s'avèrent très expressifs, et la retranscription du XVème siècle est brillamment rendue. Les doubles-pages permettent d'apprécier les combats dantesques de cet époque.