Une formule qui évolue ?

Développé par le studio canadien Red Barrels, le premier Outlast a connu un succès instantané auprès des joueurs, ramenant de bonnes vibrations d'horreur et de suspense que la plupart des autres jeux ne parvenaient pas à créer, sans avoir besoin de graphismes sophistiqués, en jouant simplement sur vos émotions et vos peurs. Trois ans plus tard, après une extension décente appelée Whistleblower, le studio revient avec une nouvelle suite, promettant d'être aussi sale et morbide que le premier Outlast, dotée de nouvelles fonctionnalités censées la rendre plus effrayante. Loin de l'asile de fous du Mont Massive, tout en gardant quelques petits liens avec son prédécesseur, Outlast 2 repart sur de nouvelles bases, mais vous incarnez toujours un journaliste armé d'une simple caméra. L'aventure commence en hélicoptère alors que la reporter Lynn Langermann, accompagnée de son compagnon et cameraman Blake Langermann (le héros du jeu) se rendent en Arizona pour enquêter sur un sujet sombre : La découverte d'une jeune inconnue au bord d'une route, enceinte, couverte de saleté et murmurant des versets d'un livre inconnu, avant de se pendre. Blake, qui est chargé d'enquêter sur l'origine de ce comportement, n'atteint malheureusement pas les lieux, car leur hélicoptère s'écrase quelques minutes après le début du jeu, et se réveille à la vue de leur pilote écorché vif et empalé sur une croix, Lynn étant quant à elle introuvable.

Fidèle au premier épisode, Outlast 2 ne s'embarrasse pas de mécanismes complexes, notre héros n'est pas une sorte de surhomme et il doit se cacher ou courir pour espérer survivre. Comme l'épisode précédent, le jeu se joue à la première personne sous l'angle de la caméra du héros (qui rappelle fortement le projet Blair Witch), ce qui vous aidera aussi à filmer des indices et des éléments importants dans le jeu pour votre couverture (vous êtes journaliste après tout). Cette même caméra dispose également d'un système d'amplification de la luminosité pour mieux voir dans l'obscurité, si vous avez suffisamment de piles, et d'un réseau de microphones plus puissant vous permettant de mieux capter les sons à distance et de repérer les ennemis à l'avance. Sur le plan technique, la première chose que l'on remarque lorsque l'on regarde Outlast 2, c'est évidemment son moteur amélioré grâce au passage à l'Unreal Engine 4. Les textures ont une finition plus agréable, et si le jeu n'offre pas le meilleur rendu, il a néanmoins un grand effet d'ombre et de lumière digne de cette génération, en plus de l'effet VHS utilisé sur le jeu entier. A noter que Outlast 2 est également moins linéaire en termes de level design, grâce au paysage plus large de cette sombre vallée de l'Arizona, sans pour autant être un jeu à monde ouvert. Sur le plan du gameplay, la linéarité d'Outlast 2 n'a qu'un seul but : servir l'objectif du jeu et vous pousser au bord de l'effroi intense et du suspense.

Une aventure encore plus sombre.

Cet aspect est largement compensé par l'ambiance générale du jeu, et les moments effrayants dans Outlast 2 sont plus choquants et effrayants que dans le premier jeu, grâce à des conceptions de niveaux qui feront frissonner votre colonne vertébrale mais aussi au mal réel de l'histoire. Notre reporter découvrira bientôt que toute cette horreur est l'œuvre de chrétiens fondamentalistes divisés en plusieurs sectes, dont la plus forte est connue sous le nom de The main is the Testament of the New Ezekiel, dirigé par un gourou appelé Sullivan Knoth. Sans entrer dans les détails, ils croient en un livre qui prophétise la venue du Diable sous la forme d'un nouveau-né, qui pousse le croyant à massacrer tous les nouveau-nés et les étrangers qui pourraient potentiellement "féconder" leurs femmes. Une excellente histoire morbide, mais malheureusement Outlast 2 la sous-exploite totalement ne consacrant presque aucun de ses rares cinématiques à la développer, et vous forçant à assembler des morceaux en lisant des pages à collectionner tout au long de votre aventure. Si l'élément d'horreur est incontestablement présent, le facteur peur reste confiné à la nouveauté. Si le premier opus souffrait d'une mécanique répétitive, Outlast 2 tombe dans un problème similaire.

Plusieurs phases du jeu - y compris une partie sanglante de cache-cache dans les champs de maïs - sont assez difficiles, surtout que plus le joueur passe de temps, plus les ennemis deviennent perspicaces et efficaces dans leur chasse à Blake. Cela s'applique à de nombreuses autres parties du jeu, qui les transforment littéralement en un système d'essais et d'erreurs très frustrant, ce qui élimine le facteur peur une fois que vous mémorisez les modèles ennemis. Comme son prédécesseur, Outlast 2 se termine relativement rapidement (environ huit à neuf heures de jeu, moins si vous êtes habitué à la mécanique du jeu précédent) et n'a pas vraiment de valeur de rejouabilité. Notons que les développeurs ont ajouté des bandages pour soigner ses blessures, ce qui rend la campagne un peu moins redoutable. Dans l'ensemble, et à quelques passages frustrants, l'aventure reste excellente et apportera des cauchemars chez les joueurs les plus émotionnels. A noter que cette version physique, limitée à 2000 exemplaires, comporte le jeu sur cartouche, une jaquette réversible et un mode d'emploi en couleurs.