L'Innocence Plate-forme : DVD Date de sortie : 01 Mai 2024 Editeur : Développeur : Genre : film Multijoueur : Non Jouable via Internet : Non Test par Nic0078/10 Réalisé par Hirokazu Kore-Eda. Hirokazu Kore-Eda est l'un des réalisateurs les plus appréciés du Japon. Après deux voyages à l'étranger (« La Vérité » en France et « Broker » en Corée du Sud), il revient désormais dans son pays d'origine pour le maussade « Monster » (L'Innocence en VF). Ceux qui connaissent son œuvre y trouveront de nombreux éléments reconnaissables au niveau thématique. Le cinéaste propose une fois de plus un regard sensible sur les relations familiales contemporaines au Japon, en mettant l'accent sur les luttes omniprésentes de la parentalité. Mais la nostalgie sensible qu'il tisse habituellement à travers ses films s'efface largement au second plan dans "Monster". Même si Koreeda n'a jamais eu peur d'aborder des thèmes lourds (la négligence envers les enfants dans "Nobody Knows", 2004, et les inégalités sociales dans "Shoplifters" 2018), son dernier film est nettement plus sombre que ses titres précédents. "Monster" commence par une rumeur juteuse concernant un professeur de lycée, M. Hori (Eita Nagayama). Il aurait visité un bar à hôtesses (populaire dans la vie nocturne japonaise) pendant son temps libre, après quoi le bâtiment dans lequel se trouvait le bar a entièrement brûlé. L'enseignant est présenté sous un jour encore pire lorsque, peu de temps après, il est accusé de violences physiques et mentales envers un élève. Saori (Sakura Ando), mère célibataire, est profondément choquée lorsqu'elle apprend que cela concerne son fils Minato (Soya Kurokawa). M. Hori aurait frappé et rabaissé Minato. Saori est furieux et vient à l'école de Minato pour demander réparation, mais les choses se compliquent alors : M. Hori refuse de mettre le sac et accuse Minato d'intimider systématiquement un camarade, la sensible Yori (Hinata Hiiragi). Mais qui dit la vérité ici ? Le film non linéaire se compose de trois actes différents du point de vue de trois personnages complètement différents (la mère Saori, le professeur Hori et enfin le jeune Minato). Au fur et à mesure que cette histoire énigmatique progresse, la vérité émerge lentement mais sûrement. Le film rappelle donc « Rashomon » (Akira Kurosawa, 1950), mais ce serait une erreur de simplement considérer le film comme une imitation. « Monster » est un mélange de genre ambitieux et le meilleur film de Kore-Eda depuis le célèbre « Shoplifters ». Le premier acte de « Monster » est traître. Le film s'ouvre sur une prise de vue nocturne d'un immeuble de bureaux en feu (le feu est un motif récurrent dans l'histoire), après quoi on nous présente Saori et Minato. La mère et le fils habitent à proximité du bâtiment et regardent les énormes flammes depuis leur balcon. On apprend vite qu'il se passe quelque chose avec Minato. Le garçon est silencieux et présente un comportement étrange depuis un certain temps. Lorsque Saori trouve un briquet à gaz dans sa chambre, on soupçonne que Minato pourrait avoir quelque chose à voir avec l'incendie. Mais ensuite Hori est introduit, et nous commençons soudain à avoir des doutes. Les rumeurs qui circulent à propos de ce professeur d'école primaire nous rendent méfiants à son égard, ce qui ne fait que s'accentuer lorsqu'il est accusé de violences envers Minato. Et pourtant, Kore-Eda hésite à apporter des réponses. Le film garde efficacement ses secrets, et sait quand il est temps de les dévoiler. "Monster" combine des éléments de thriller avec un mystère classique dans les deux premiers actes, mais ne devient quelque chose de spécial que dans le troisième acte. Le film rompt avec toutes les conventions établies et propose plutôt une esquisse psychologique des personnages de personnes très compliquées. En fin de compte, le film semble surtout parler de notre incapacité à nous mettre à la place des autres. La communication joue un rôle important à cet égard. Si les personnages avaient choisi de se parler au lieu de tirer des conclusions hâtives les uns sur les autres, certaines conséquences de grande envergure auraient pu être évitées. Dans cette dernière partie, on reconnaît immédiatement la main de Kore-Eda. Le réalisateur n'a jamais été intéressé par les solutions faciles. Il préfère la vérité aux mensonges confortables. Le dernier acte de « Monster » le souligne une fois de plus. VERDICT-Le film nous offre un instant une lueur d'espoir, mais cela ne dure pas longtemps. On est ramené à la réalité et elle est plus souvent amère que rose. Il est également louable que la fin du film (où une déclaration claire est faite) ne semble jamais forcée ou déplacée. Kore-Eda est bien au-dessus, comme il le prouve une fois de plus. |