Réalisé par Claude Lelouch.
Un éminent avocat, à la vie aisée et affectueuse, se trouve, à la suite d'un problème de santé, atteint d'une pathologie singulière connue sous le nom de « dégénérescence fronto-temporale », en jargon « folie sentimentale », qui le rend incapable d'omettre de rapporter ce qu'il pense. L'homme se retrouve alors incapable de mentir, perdant tout filtre et toute pudeur pour retenir ce qui pourrait contrarier son entourage. C'est pourquoi il abandonne tout et entreprend un voyage solitaire dans le nord de la France, descend en Provence, prend conscience de sa passion pour la trompette et tombe amoureux d'une nouvelle femme, agricultrice de profession.
Le cinéma de Claude Lelouch a toujours été l'exaltation de l'homme-papillon qui cultive des amours disparates dans tous les lieux qu'il fréquente et se lie avec des femmes qui, à l'exception de quelques réticences initiales, se révèlent toujours sympathiques et enclines à faire partie d'un concept de famille élargie qui, pour l'auteur, est le secret de la sérénité et de l'atteinte de l'équilibre physique et psychologique. Étant donné que le cinéaste français de 87 ans a désormais le titre, l'âge et les honneurs pour dire et prêcher ce qu'il veut, et le faire bien (le film est techniquement très bien réalisé), son dernier conte de fées (im)moral complaisant et édulcoré, parfois même amusant et facile, est une nouvelle tentative de réfuter la poignée de choses faciles et exubérantes de coureur de jupons qui ont caractérisé, surtout en réalité, sa réputation de coureur de jupons infatigable. N'importe quel autre collègue à la place de Lelouch aurait fait naufrage au milieu des inconvenances et des moqueries, dont certaines sont même tout à fait pertinentes. Il arrive, pour faire des comparaisons nominatives, l'absurde que l'on critique souvent sans appel Roman Polanski et son récent film sarcastique The Palace, mais qu'avec Claude Lelouch on exulte sans retenue, inconditionnellement. Le célèbre réalisateur, connu pour avoir toujours raconté des histoires d'amour intenses et problématiques, reprend du poil de la bête, et son dernier héros papillon, non pas vulgairement, mais réalistement dévergondé, jongle dans des saynètes avec des aperçus rustiques dignes d'une publicité pour le plaisir et d'autres absurdités improbables peuplées de femmes toujours compréhensives, placides, et prêtes à tolérer et à pardonner. Il y a aussi une chanson qui porte le même titre que le film, et qui fait froid dans le dos avec ses rimes follement forcées, même si elle est chantée par la voix de rossignol de la belle Barbara Pravi. Il y a un Kad Merad à la voix non moins magnifique, sournoise et sucrée à souhait pour faire comique. Et il y a Françoise Fabian, royale, toujours magnifique à 91 ans, mère du protagoniste oublieux et sinistre, qui reste une sorte de messie burlesque des temps modernes et chanteuse « jouant de la trompette et aimant le piano » ......
VERDICT
-
Il y a tant de choses, probablement trop, comme dans toutes les œuvres les plus typiques et motivées de Lelouch mais ça fonctionne. C'est le Lelouch habituel pour le meilleur et pour le pire.