Le Son des Morts (Imakako) est un manga unitaire publié au Japon aux éditions Kodansha. Il s'agit d'une version alternative de l'histoire contée dans "Ima/Uzuko iku Kohakushoku no Hate". Yato Tsurumi est un professeur dans une académie d'art, qui a perdu sa compagne dans une inondation et qui, suite à ce traumatisme, se crée la capacité de voir des "lieux fantômes", des lieux qui ont disparu il y a des années, mais dont il est capable de voir l'apparence d'origine. C'est alors qu'Ima Hayabuchi, une jeune lycéenne, entre à l'académie, cachant derrière une paire d'écouteurs l'étrange don d'entendre les sons des morts. Un don que notre professeur, lorsqu'il le découvre, n'hésite pas à lui demander de l'aider à entendre la voix de sa compagne Kako, afin de lui dire adieu et de clore ce chapitre amer de sa vie.

Daruma Matsuura est une auteure très talentueuse, qui explore toujours le côté sombre de l'être humain. Depuis ses débuts en tant que mangaka, elle a remporté deux fois le prix de la meilleure mangaka débutante. Imakako est une œuvre qui mélange des éléments surnaturels avec le quotidien. Cette fois-ci, nous avons affaire à deux protagonistes qui ont beaucoup de choses en commun. Ils sont malheureux et ont un don qui ne cesse de les tourmenter, jusqu'à ce qu'ils décident de les combiner. Tous deux ont été touchés par la mort et cette rencontre pas si fortuite sera l'occasion pour eux d'apprendre un peu de ce qui existe après cette vie terrestre et d'avoir un peu de paix après avoir perdu leurs proches et avoir commencé à répudier leurs pouvoirs. L'acceptation, la beauté de la mort, la paix de savoir que l'on a aimé même si cette personne n'est plus là font partie de ce qui fait apprécier ce titre. Cependant, la lecture laisse un sentiment doux-amer à cause de la façon dont l'histoire est racontée. L'auteure se concentre d'abord sur Ima et le professeur Tsurumi, tandis que dans la deuxième partie du volume, elle plonge dans les expériences d'autres personnages qui, jusque-là, sont restés en arrière-plan. Le problème avec cette option narrative est que le lecteur a le sentiment que certains conflits sont résolus trop rapidement et que les deux histoires pourraient être plus intégrées. Ils sont liés les uns aux autres, tant pour leurs protagonistes que pour certaines parties de l'intrigue, mais ces liens auraient pu être développés de manière différente pour que les deux soient mieux ancrés. Concernant le dessin, on reconnaît les lignes lâches et fines de Daruma Matsuura , qui cette fois opte pour un style moins sombre que celui de Kasane en raison du thème de l'œuvre. L'usage qu'elle fait des gros plans est particulièrement remarquable, à travers lesquels elle transmet à chaque instant les émotions des personnages. Leurs regards nous en disent long sur tout ce qui bouillonne en eux.