1916. Les Poilus doutent de leur chance face aux Prussiens. Pour le centenaire de la bataille de Verdun, Guillaume Bouzard nous propose un recueil de petites nouvelles illustrées, avec comme fil rouge des lettres d'un soldat à une femme restée au pays. Les compte-rendus de la vie de Poilus au quotidien se présentent comme un mélange d'humour noir et de patriotisme désespéré. Comme le titre l'indique, les Poilus frôlent le burn-out dans ce premier tome, dans un conflit présenté comme absurde. Pour ne rien arranger, le sort de l'escouade est entre les mains de supérieurs peu réfléchis, prêt à lancer une petite offensive locale (mais très coûteuse en hommes) lorsqu'ils s'ennuient. Nous découvrons également les conditions de vie insalubres dans les tranchées (et il va pourtant falloir tenir deux ans), les difficultés d'approvisionnement en nourriture ou en minutions,

L'auteur prend le contre-pied des images mémorielles très en vue ces derniers temps, centenaire de la bataille de Verdun oblige. Le nom des soldats prête à sourire (notamment Prépuce ou Lachatte), ce qui permet de désamorcer quelque peu l'horreur de la guerre. Malgré quelques passages loufoques, l'album s'avère très réussie et respectueux envers les soldats tombés au combat. Comme dans un épisode de Dr House par exemple, le récit demeure sérieux mais ponctué d'un humour franchement caustique. Quant aux dessins, ils évoquent beaucoup le mouvement Dada, une référence évidente pour l'auteur qui va très bientôt reprendre Lucky Luke.