Ce nouvel album de Jour J comporte en réalité les tomes 6 et 8 de la série, c'est à dire le diptyque "L'imagination au pouvoir" – "Paris brûle encore". Nous sommes à présent en 1973 en France. Il y a cinq ans, un braquage a eut lieu en plein mai 1968, et des malfaiteurs, anciens de l'OAS, ont dérobé 200 millions de francs. L'un d'entre eux, laissé pour mort, vient à présent réclamer sa part. Cependant, la situation politique a bien changé et les anciens voleurs fréquent désormais les cercles du pouvoir. Dans cette uchronie, le général de Gaulle a disparu dans un accident d'hélicoptère très suspect en 1968, et le général Massu a investi la capitale avec des chars AMX-30. Mais l'armée n'a pas réussi à mater la rébellion, et une guerre civile fit rage jusqu'en 1970. Il a fallu attendre une menace des américains, lorsque les communistes demandèrent l'intervention soviétique, pour que la France retrouve un semblant de calme. Cependant, plusieurs factions rivales vont s'affronter, le général Massu est soutenu par les américains, le général de la Bollardière par les russes. En 1976, Paris ressemble à Beyrouth, et une nouvelle mission de l'ONU vient d'arriver dans ce chaos. Le contingent est accompagné d'une photographe de guerre, dont la présence dépasse le cadre du reportage. Il est en effet à la recherche d'œuvres artistiques pour de riches collectionneurs, et se faisant, il a l'impression de les sauver (L'Église multiplie en effet les actes de vandalisme, comme au temps reculé de l'inquisition).

Comme à l'accoutumée, Jour J propose une nouvelle fois de réécrire l'histoire et nous présente une vision totalement alternative de la réalité. On retrouve un monde où le chaos politique règne, Paris semble aussi divisé que Berlin après la Seconde Guerre Mondiale, mais les motivations des forces en présence ne sont pas toujours bien expliqués. Qui plus est, le rapport de force politique manque un peu de pertinence. Bien entendu, quelques figures de l'époque sont présentes, mais dans des rôles totalement redistribués, ce qui promet quelques rebondissements importants. Mais quelque soit l'espace en temps en question, certaines personnalités ne changeront jamais. Le dessin est plutôt agréable, offrant un style particulièrement réaliste, et les forces en présence apparaissent loin d'être sans part obscure. Seuls quelques visages demeurent assez approximatifs, alors que la mise en couleurs s'avère immersive. A noter que la présente édition comporte un cahier didactique expliquant le contexte de mai 68 et ses répercussion dans le monde entier.