Scénario : Anthony Del Col et Geoff Moore
Dessin : Jeff McComsey
Couleurs : Jeff McClelland
L'histoire tourne autour de l'agent britannique du SOE (Special Operations Executive), Cora Brown, et de son désir inébranlable de voir Adolf Hitler tué et la fin de la guerre. Sa ténacité à voir cet objectif se réaliser la conduit à conclure des accords avec des officiers nazis prisonniers et leur promettre leur libération en échange d'informations concernant le lieu où se trouverait le supposé fils d'Hitler. Brown y voit la meilleure occasion de passer les lignes ennemies et de mettre fin au Fuhrer. Elle est dirigée vers un apprenti boulanger sans prétention en France, nommé Pierre. Pierre est la pierre angulaire du récit, c'est un personnage tout à fait sympathique qui finit - avec difficulté - à accepter la vérité et sembler même impatient de mettre la main sur le dictateur. C’est vraiment le voyage que nous entreprenons avec Pierre qui donne à cette histoire le poids émotionnel nécessaire pour la mener à bien. Sa relation avec sa mère, son syndrome évident du père absent et sa volonté de faire tout ce qui est en son pouvoir pour rendre la vie de sa famille plus facile lui donne ce rôle d'outsider auxquels les gens adorent s'attacher. Même à l'âge adulte, Pierre n'est pas une personne équilibrée, son éducation - loin d'être idéale - lui a conféré une rage presque incontrôlable et une capacité presque surhumaine à tuer. Aux yeux de Cora et du lecteur, cela en fait le candidat idéal pour éliminer Hitler.
On ne savait pas quoi penser du nouveau roman graphique d'Image Comics (Politique fiction, satire ?). Au final, il s'agit d'un récit d'histoire alternative réaliste fondé sur ce qui aurait pu être fait si Adolf Hitler avait réellement eu un enfant lorsqu'il était en poste en France durant la Première Guerre Mondiale. Les scénaristes Anthony Del Col et Geoff Moore ont écrit une belle et déchirante histoire avec Le Fils d'Hitler. Le livre est rempli de personnages sympathiques et bien écrits qui contribuent à donner vie à ce sombre récit où les rebondissements choquants et la violence sont omniprésents. Del Col et Moore font un excellent travail pour garder les lecteurs attentifs, ne sachant jamais à quoi s'attendre. C'est également un témoignage des horreurs de la guerre et des efforts que même les gens bien intentionnés déploieront pour réaliser leurs projets. Le dessin de Jeff McComsey ne va pas plaire à tout le monde, mais il s'avère indéniablement attrayant. Toute l'esthétique rappelle le carnet de croquis d'un artiste. Certaines lignes sont inégales, l'ombrage n'est pas parfait et certains modèles de personnages ne sont pas toujours cohérents, mais pour une raison quelconque, cela fonctionne parfaitement. Ce n'est certainement pas un style artistique qui conviendrait à tous les livres, mais le style presque fantaisiste semble compenser et, d'une certaine façon, compléter l'intrigue sombre. Le seul bémol à retenir est que toute la palette de couleurs se compose de seulement trois ou quatre tons qui sépare les actes de l'histoire. On comprend le choix artistique qui a été fait ici pour ce look vintage, monochromatique, et McComsey utilise par ailleurs des points blancs profondément ombragé pour déplacer l'œil à travers la page, avec un effet symbolique et dramatique.
VERDICT
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L'héritier d'Hitler est un thriller historique solide. Avec son élaboration complexe du travail des services secrets et le choc du dernier acte, cette bande dessinée s'avère dans la veine d'un polar de John le Carré.