Scénario et dessin : Claire Fauvel
Nawel est une jeune fille de 20 ans au tempérament de feu qui la pousse à mener toutes ses passions avec excès. Cette force est un atout quand elle la met au service de la création dans son groupe de rock, qu'elle a créé avec Alice, sa meilleure amie. Leurs études les mènent à Paris, où les jeunes filles sont confrontées de plein fouet au décalage culturel et social entre Paris et la banlieue. Malgré les difficultés, Nawel veut conquérir la capitale. Lors d'un festival "jeunes talents", elle rencontre Isak Olsen, musicien, dont elle tombe immédiatement amoureuse. Fascinée et terriblement jalouse de son talent, il cristallise toutes ses frustrations. Abandonnant ses études et l'emploi qui la fait vivre, elle décide de se consacrer à la composition d'un premier album. Commence alors pour elle, une période difficile, faite de travail et de sacrifices pour tenter d'atteindre son rêve à n'importe quel prix...
Contrairement à ce qu’affirme la quatrième de couverture ce n’est pas le « portait fiévreux d’une génération qui refuse les carcans et pour qui la création est viscéralement liée à l’espoir et à la liberté », que décrit Claire Fauvel. Le lecteur s’inscrit en faux : toutes les générations, depuis l’invention de l’adolescence en tant que période contestataire (soit la fin des années 1950), sont passées par les mêmes affres. Il suffit de revisionner La Fureur de Vivre (1955). Les carcans, généralement familiaux, relèvent tous du même principe. Les parents depuis la nuit des temps ne cherchent pas à enfermer leur progéniture dans un schéma de pensée (bien que pour certains…), mais essaient plutôt de les protéger (souvent lourdement ou maladroitement) des prédations extérieures pour les prémunir contre de futures déceptions. Bien que formatrices, elles demeureront comme des cicatrices ineffaçables. Succès, échecs, frustrations participent ainsi à la construction de chacun, comme un ADN choisi, voulu. En cela, l’histoire de Claire Fauvel reste classique, faisant appel aux ressorts habituels de ce type de récit : formation, ascension, chute rédemptrice. L’apprentissage de la vie. Elle réussit cependant l’exploit de faire vivre une perception intime de la musique. Son élégante manière d’illustrer la façon dont l’héroïne perçoit, comprend puis intègre la musique apporte des moments à la fois oniriques, forts, comme une évidence graphique. Invité à s’y immerger le lecteur plonge dans l’expérience musicale jusqu’à parfois l’entendre. Étonnante et intéressante sensation. Au-delà du trait doux, fluide et reposant de Claire Fauvel, il est à noter que Paul McCartney s’apparente désormais à de la musique classique. Un peu comme les enfants qui pensent que leurs parents ont connu les dinosaures (ce qui est vrai pour certains, vu leur cerveau reptilien).
VERDICT
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Une belle histoire d’amitié où la musique s’entend dans les bulles. Une lecture sans fausse note.