Lorsque Bill Hickok retrouve sur son chemin une fille traumatisée et perdue, il ne peut pas se douter où cette rencontre mènera. Le chasseur de primes jure de retrouver les desperados qui ont assassiné sa famille. Mort ou vif. Rien ni personne n'arrêtera Bill. Quiconque le défie se retrouve à six pieds sous terre. Mais le destin est capricieux. Un grain de sable colle à la machine imparable: Calamity Jane.

Entre romanesque et réalité, Thierry Gloris poursuit sa déconstruction du mythe romantique de l’Ouest. Conforme à la vulgate de la plupart des Westerns, son approche dépeint un farwest brutal, sauvage (d’où le titre de la série) au travers d’une vaste fresque regroupant personnages et situations historiques emblématiques, dans une intrigue cohérente. Cette démarche rappelle une expérience similaire qui se voulait fidèle à la réalité. Les plus anciens se souviendront avec nostalgie (ou pas) de "l’Histoire du Far West" parue entre 1980 et 1982 chez Larousse, (inégale) série de 36 tomes, dont le but avoué consistait à relater l’Histoire des États-Unis de la Frontier à la ruée vers l’Or par le prisme de figures légendaires et/ou de personnages fictifs plus ou moins représentatifs. À l’arrivée la série flirtait souvent avec l’imagerie d’Épinal. Ce Wild West s’inscrit à l'inverse de ce courant, avec ce petit flou artistique supplémentaire bienvenu apportant du sens : un scénario. Thierry Gloris ne cherche ni à édulcorer ni à valoriser la violence des protagonistes. Leur légende noire est bien présente (massacre gratuit de bisons par Bill "le Sauvage" Hickock, appropriation des terres indiennes, trafics en tous genres, traitres à la cause, etc.) Bien que le manichéisme ne soit pas de mise dans ce grand Ouest où la survie dicte la loi du plus fort, l’empathie du lecteur conditionné se tourne évidemment à nouveau vers Calamity Jane qui, décidément, n’arrive pas à se trouver de réel point de stabilité. Chacun des personnages agit pourtant au gré des situations, qu’importent les conséquences : il s’agit d’abord de survivre dans un environnement hostile. Les planches de Jacques Lamontagne sont particulièrement immersives. Avec beaucoup d’aisance graphique et une grande richesse dans les nuances de couleurs, il parvient à faire ressentir les tourments (souvent extrêmes) de ses créatures de papier dans les affres qu’elles traversent.