Pour sa nouvelle œuvre "The Mauritanian", le réalisateur Kevin Macdonald ("State of Play", "L'aigle de la neuvième légion"), né à Glasgow, a réussi à attirer trois grandes stars - Jodie Foster, Shailene Woodley et Benedict Cumberbatch. Le film, basé sur le livre "Le journal de Guantanamo" de Mohamedou Ould Slahi, repose entièrement sur le jeu intense de l'acteur principal Tahar Rahim, qui a déjà fait forte impression dans "Un prophète" (2009) de Jacques Audiard et dans "Le passé" (2013) d'Asghar Farhadi. Dans ce drame judiciaire solide de bout en bout, il est le cœur battant. En tant que détenu du camp de prisonniers de Cuba, Rahim nous fait comprendre comment les années de mauvais traitements et de torture ont presque ôté tout espoir au protagoniste Slahi - et comment il parvient malgré tout à se battre avec l'aide du duo d'avocates de la défense et à croire au système juridique. La déclaration finale par vidéo est un moment particulièrement fort, interprété de manière poignante. Les rôles de Foster, Woodley et Cumberbatch, également basés sur des personnes réelles, ont certes quelque chose de schématique, mais ils sont habilement rendus vivants. Chez Foster, on retient surtout l'énergie du personnage ; chez l'accusateur militaire incarné par Cumberbatch, c'est le doute progressif quant à sa propre position.

Comme dans certains autres films consacrés à des affaires juridiques, "Désigné Coupable" saisit intelligemment les méthodes utilisées par la partie adverse pour empêcher la découverte de la vérité - comme le noircissement des dossiers et la masse de matériel qui doit rendre l'enquête aussi difficile que possible. Macdonald parvient à créer une tension sans pour autant banaliser le sujet et en faire un simple divertissement de genre. Notez que le disque comprend deux courts-métrages documentaires de Laurence Topham, jeune cinéaste anglais : L'avant-première compliquée du film en Mauritanie d'une part, et BROTHER'S KEEPER de l'autre, où il montre la rencontre entre l'ancien prisonnier et un de ses geôliers.