La deuxième partie des Croods suit l'idée de base de la première partie et se veut une réflexion enjouée et adaptée aux jeunes sur l'idée de "progrès". Cette fois-ci, une composante sociologique s'y ajoute d'une certaine manière, puisque la querelle familiale entre les Croods et les Betterman concerne en premier lieu des conflits sociaux autour du statut, du pouvoir et de "l'hégémonie sociale" : alors que les Croods et surtout Papa Grug représentent en premier lieu des valeurs conservatrices telles que la famille, la cohésion, le collectif, les Betterman modernes représentent l'éducation, l'individualisme et "l'avenir". Ce qui est beau dans "Les Croods 2", c'est que ces deux idées et conceptions de la vie, qui dans le cas concret sont également marquées par les conditions et les besoins de vie (survie vs. vie), ne sont pas opposées l'une à l'autre, mais peuvent coexister - malgré toutes les frictions. Le père Crood, dans son idée de cohésion absolue, ne tient pas compte de la soif de liberté de sa fille, qui souhaite s'épanouir et vivre sa propre vie, tandis que le père Betterman, en raison de son caractère parfois distant et égoïste, est difficile à appréhender pour sa fille et oublie, dans son obsession du progrès, l'importance de la cohésion et de la famille. Au final, les deux hommes alpha doivent se rendre à l'évidence : malgré leurs différences superficielles, ils se ressemblent bien plus qu'ils ne le pensaient.

Tout cela n'est bien sûr pas innovant, mais solidement écrit, coulé dans une dramaturgie correcte - et en outre joliment animé : Les studios Dreamworks ne se sont pas laissés aller et fournissent comme d'habitude un travail de haut niveau. Il convient également de saluer les comédiens (originaux) Nicolas Cage, Emma Stone, Peter Dinklage ou Catherine Keener, qui font tous un excellent travail et procurent beaucoup de plaisir grâce à leurs acrobaties vocales. Mais pourquoi "Les Croods 2 - Une nouvelle ère" n'est malgré tout pas devenu plus qu'une suite solide qui ne sort pas du lot, c'est justement parce qu'on se plie au goût de masse (américain). Le final, notamment, suit beaucoup trop le schéma F des dernières productions américaines : Un peu de gag, un peu de (pseudo) féminisme et de progrès et beaucoup de prudence dans la présentation des messages si importants. Ne marcher sur les pieds de personne, satisfaire tout le monde, même à moitié, en oubliant l'originalité et la créativité : "Croods 2" souffre, surtout dans le dernier tiers, de la maladie bien connue de Disney, qui produit des œuvres fades et, en fin de compte, ennuyeuses et interchangeables. C'est dommage.