"Si je suis le parrain du rap, faut que je parle à la marraine, parce que les gamins font vraiment n'importe quoi !" • Pendant dix ans, Thomas Mauceri a tenté de rencontrer Gil Scott-Heron afin de réaliser un documentaire sur lui. Des années de discussions sporadiques et de rendez-vous ratés. Gil Scott-Heron était soit en prison, soit interdit de sortie du territoire américain. Paradoxalement, l’auteur aura été le premier à apprendre sa mort (il devait le rencontrer ce jour-là) et préviendra tous les proches du chanteur. Le jour de l’enterrement de Gill Scott-Heron, Thomas Mauceri assiste à une scène surréaliste : Kanye West entre dans l’église et improvise un concert d’une rare intensité. Cette BD est une quête vers une icône à la fois proche mais inaccessible. Comme l'auteur, on ressent vite l'envie de rencontrer Gil Scott-Heron, considéré comme l’un des fondateurs du rap pour son écriture et ses engagements. Cette BD est aussi une plongée dans l’Amérique des années 1960 à 2010. Au-delà de la musique, il est aussi question de social, de culture afro-américaine, de politique. Les victoires de Bush Jr puis d'Obama puis de Trump sont évoquées en marqueurs de temps et de changement social. L'ambiance dans les rues, chez les gens, est quasi palpable. À la vue des illustrations pleines pages des titres phares de Gil Scott-Heron, on ne peut que faire des pauses pour les écouter. La lecture n'en devient que plus immersive. Dorothee Nolan commente quant à elle la discographie très complète de Gil Scott-Heron.