Quelque part au sommet d'une montagne enneigée dans les Pyrénées, le corps décapité d'un cheval est retrouvé. Une équipe de détectives est immédiatement mise sur l'affaire lorsqu'on découvre que le cheval a l'ADN de Julian Hirtmann, un tueur en série notoire. Or, ce dernier s'avère être emprisonné dans un établissement psychiatrique fermé qui abrite tous les monstres criminels de la trempe d'Hannibal Lecter. Hirtman a-t-il réussi à s'échapper de l'installation sans être détecté, et alors pourquoi est-il revenu dans l'établissement après son acte ? Ou peut-être avait-il un complice ? Pendant que Martin Servaz, l'un des détectives, réfléchit à cette question, plusieurs meurtres ont lieu. Cette fois, cependant, il ne s'agit pas d'un cheval, mais de personnes, qui sont toutes tuées de manière effroyable. Glacé est le premier volet de ce qui est censé être une série mettant en scène Servaz, un détective perturbé qui approche de la quarantaine et vient de divorcer. Servaz est un personnage intéressant qui mérite de l'espace pour être étoffé. Ses collègues immédiats ont eux aussi leurs particularités colorées et ne sont heureusement pas dépeints de manière schématique.

Cette adaptation en BD du roman éponyme captive dès la première page, l'atmosphère est magnifiquement décrite, on voit, on sent et on vit les Pyrénées enneigées de l'hiver, qui ne sont pas seulement une toile de fond importante, mais presque un personnage en soi. La menace constante d'un environnement hostile, hivernal et inhospitalier a clairement un impact non seulement sur l'histoire, mais aussi sur les personnages qui la peuplent. Ajoutez à cela un tueur en série presque diabolique et vous obtenez un mélange intriguant de thriller et d'horreur. La tension présente dès le début s'installe lentement mais inexorablement, les meurtres spectaculaires et horribles étant décrits de manière imagée. Des événements grotesques qui semblent d'abord presque étranges, mais qui finissent par trouver une explication rationnelle. En attendant, c'est délicieusement effrayant. Lorsque l'un des personnages erre dans l'établissement psychiatrique alors que le reste du personnel est rentré chez lui ou dort et que le blizzard fait rage à l'extérieur, des images de The Shining font parfois surface. L'auteur Bernard Minier a un style d'écriture fluide et a très bien développé ses personnages, le scénariste Philippe Thirault a su en tirer l'essence. Même lorsqu'il ne semble pas se passer grand-chose, vous continuez à lire parce qu'il ne cesse d'ajouter de petits cliffhangers et change commodément de perspective à chaque fois. Le dessin de Mig fonctionne parfaitement avec ce thriller, il est vrai que l'auteur avait déjà brillamment mis en images Puzzle de Franck Thilliez.