Soltero était l'un des projets du cinéma expérimental des Philippines dans les années 80. Jay Ilagan incarne le rôle de Crispin Rodriguez, un jeune homme d'une trentaine d'années et seul dans la vie. Même s’il peut être considéré comme ayant réussi dans son domaine, il y a encore un manque dans sa vie car il n’a toujours pas de partenaire. Il consacre son temps au travail, passe du temps avec ses amis, regarde des pièces de théâtre et des yayaans sur Roxas Boulevard et rend souvent visite à sa famille. En revanche, il n'arrive toujours pas à tourner la page avec son ex-petite amie Christine (Rio Locsin) qui a déjà un enfant avec un autre homme. Il l'observe ncore souvent sur le portail de sa maison et il lui rend également visite. Il y a une nouvelle directrice à la banque où travaille Crispin, RJ (Chanda Romero). Au début, il n'aime pas le style de RJ mais finit par l'accepter. Avec le départ de Christine, un nouvel espoir apparaît dans la vie amoureuse de Crispin. Cependant, RJ a un secret qui l'amènera également à rester à l'écart du jeune homme. Crispin trouvera-t-il l'amour de sa vie ?

Nous avons désormais l'occasion de regarder ce film classique grâce à Carlotta. Même si la décennie présentée dans ce film est haute en couleurs, on sent la mélancolie du personnage de Crispin qui n'est pas loin de notre génération. C'est la recherche constante d'amour et de protection. Jay Ilagan a très bien joué Crispin. Il donne vie à Crispin, tout comme un ami, un collègue ou une connaissance que vous rencontrez souvent. Les acteurs de soutien Chanda Romero, Rio Locsin, Charlie Davao, Irma Potenciano, Mona Lisa, Dick Israel et Baby Delgado sont également bons, tout comme la mise en scène de Pio De Castro. Les expériences de Crispin ne sont pas loin de la vie réelle. Il y a des gens qui entreront dans votre vie et seront avec vous, mais vous ne pouvez pas non plus les empêcher de partir. La dépression et les tentatives de suicide chez les hommes sont abordées avec audace dans le film ainsi que la représentation des lesbiennes dans les années 80. Les actions de Crispin après la mort de sa mère, ainsi que le départ de ceux qu'il considérait comme ses proches, pourraient être des signes ou des symptômes de dépression. Il est donc tombé malade et a finalement tenté de se suicider. Son maître ne l'a même pas compris. D’un autre côté, la représentation adéquate des lesbiennes dans les films philippins est également rare. De Castro et Noriega terminent le film avec Crispin seul (à nouveau) devant la caméra, écrivant à son frère aux États-Uni. La lecture à voix haute du contenu de la lettre permet d'esquisser les contours de sa situation actuelle : il travaille plus dur qu'avant, il a repris ses loisirs, il est de nouveau impliqué avec ses amis. Peu à peu, la lecture devient un monologue et son regard se tourne de la lettre vers la caméra - vers nous, le public - et la mise à jour factuelle devient un bref aperçu de l'état d'âme de Crispin.