L'homme qui voulait savoir (Spoorloos)
Plate-forme : DVD
Date de sortie : 15 Novembre 2024
Résumé | Test Complet | Actualité
Editeur :
Développeur :
Genre :
film
Multijoueur :
Non
Jouable via Internet :
Non
Test par

Nic007


8/10

Réalisé par Georges Sluizer.

Spoorloos est un film qui dès les premières mesures transmet un malaise presque inconfortable, un malaise qui laisse place à une peur inexplicable et inconnue, le voyage en voiture de ces deux petits amis qui plaisantent, se disputent puis se réconcilient, qui s'arrêtent à une station service et se perdent de vue pendant quelques minutes, des minutes qui vont se transformer en éternité. Rex (Gene Bervoets) attend en vain le retour de Saskia (Johanna ter Steege), puis la cherche en vain pendant trois ans, colle des affiches, passe à la télévision et lance des appels, ne se résigne pas, n'abandonne pas une disparition qui n'a pas d'explication et l'entraîne dans un trou noir d'obsessions et de peurs. Saskia a été enlevée, cela ne fait aucun doute, mais par qui ?

Enlevé par la simple et invisible normalité du mal, la folie contenue d'un sociopathe qui se défie lui-même, emporté par un hasard moqueur et malin, le destin d'une femme décidé par une série de variantes imprévues, non calculées par le personnage apparemment bon enfant de Reymond (Bernard-Pierre Donnanieu), celui qui, avec une précision méticuleuse, a préparé l'acte criminel en étudiant toutes les éventualités possibles, une sorte d'automate insensible qui finit par atteindre son but, mais seulement grâce à l'intervention non sollicitée du chaos, qui voit tout et décide de tout. Le cadre européen donne au film une dimension de drame oppressant, la tension parfois insoutenable se dénoue d'un personnage à l'autre, elle se dilate d'un regard à l'autre, l'émotivité contenue de Raymond défie l'émotivité devenue incontrôlable de Rex, et lors de la confrontation finale, il n'y a plus de haine, ni de justice, ni de soif de vengeance, mais de la haine, justice ou la soif de vengeance, mais seulement le besoin primaire de savoir, de trouver une réponse, d'émerger enfin d'un tunnel sans fin pour trouver la lumière et peut-être Saskia elle-même, effrayée et énervée, avec sa torche à la main. Le scénario est signé Tim Krabbè et adapte son roman peut-être le plus célèbre (Et Gouden Ei), une histoire essentielle mais profonde que Sluizer porte à l'écran avec la rigueur propre à un certain cinéma d'Europe du Nord, une vision anti-spectaculaire qui place les personnages et leurs obsessions au centre du récit, une étude d'une rare efficacité qui développe un fort sentiment d'angoisse malgré l'utilisation d'un temps prolongé. On pourrait dire qu'il y a toujours une autre voie, de ce point de vue le film offre une fin d'une rare méchanceté qui se prête à diverses interprétations, je l'ai trouvée cohérente et même logique, Rex va enfin découvrir ce qui est arrivé à sa Saskia, de ce point de vue la promesse du troublant Raymond est tenue. L'œuvre de Sluizer, malgré son succès dans son pays et les nombreux prix remportés dans divers festivals, est pratiquement inconnue. C'est peut-être le réalisateur lui-même qui a causé le plus grand tort à son film en décidant d'en faire le remake américain, qui est beaucoup plus connu, et qui est facilement disponible en vidéo amateur.

VERDICT

-

Spoorloos est donc un thriller résolument anormal, une œuvre éloignée des canons classiques du genre, un film qui raconte l'horreur qui se cache derrière le quotidien, la simplicité d'un acte criminel accompli en plein jour, le défi d'un fou qui affronte sa folie et en sort victorieux, l'abîme dans lequel il tombe qui ne trouve pas de réponses, qui perd un fragment de vie sans pouvoir rien y faire, la découverte de la vérité devenant alors plus importante que la vérité elle-même, la seule issue possible à une obscurité sans fin.

© 2004-2025 Jeuxpo.com - Tous droits réservés