Deux des quatre personnages principaux du film sont des anges. Élodie Fontan (Raphaëlle) et Romain Lancry (Gabriel), deux bons collègues au ciel. Cependant, sur le plan terrestre, Lancry interprète avec beaucoup d'humour Gabriel, qui, cette fois, est plus rebelle qu'obéissant. Fontan, quant à elle, incarne Raphaëlle comme une carriériste qui souhaite progresser et rejoindre les archanges. Elle aurait accompli son travail si Gabriel – et quelques autres anges – ne l'avaient pas empêchée. Shirine Boutella (Léa) incarne une fille parfaitement imparfaite. Elle aime vivre, elle sait comment vivre, mais elle n'est en guerre qu'avec ses émotions. Julien Pestel est un Paul un peu bête, qui réalise les rêves de son père. C'est terriblement agaçant qu'il n'ose pas vivre et qu'il croie que la vie ne peut être belle que si l'on sait déjà ce que l'on fera dans cinq ans, car tout ne peut et ne doit se faire qu'en fonction de cela. Eh bien, il n'est pas difficile de deviner que Léa et Paul sont ceux qui, selon les cieux, ne sont compatibles qu'à 3 %. Mais voici la complication : le coup de foudre, la question d'ignorer Cupidon, et le point le plus important :  Si les anges n’ont pas de libre arbitre, comment pourraient-ils se rebeller ? Mais ils doivent le faire, car Paul va à Rome pour son mariage, et Léa va aussi dans la ville éternelle, chez son père mourant... Ils y vont ensemble, et si ensemble... Bien sûr, il arrive que omnia vincit amor, c'est-à-dire l'amour triomphe de tout - mais au moins nous savons que cela a un prix, si ce n'est sur terre, du moins au ciel...

Ils gâchent tout, mais que feraient les anges gardiens s'ils surveillaient constamment ce que les gens font de bien, ce qu'ils ont fait de mal et ce qu'ils devraient faire de toute façon ? C'est le sujet de la comédie française « Anges & cie » : il suffit d'obéir pour devenir archange. Et tout va bien, tout va comme on veut, mais il s'avère qu'il existe des règles qu'on peut transgresser.  De quoi parlerait un film français sinon de l'amour ? La formule est simple : au paradis, on sait exactement qui est compatible avec qui, et la compatibilité peut être exprimée en pourcentage. C'est comme Tinder ou n'importe quelle autre application de rencontre, à une différence près : Sur Tinder, on glisse vers la droite ou vers la gauche, mais dans le royaume des anges, on est poussé ou tiré dans tous les sens. L'idée de base du film est simple : une femme et un homme se rencontrent, le courant passe vite entre eux, et ils se retrouvent coincés dans un ascenseur. Or, d'après les cieux, leur compatibilité est limitée à trois pour cent. Malheureusement… il n'y a rien à faire… Leurs anges gardiens doivent (devraient) tout faire pour empêcher cet homme et cette femme de se rencontrer. Et comme le film dure une heure et demie, il n'est pas difficile de deviner qu'un grain de poussière finira par s'infiltrer dans la machine. Ceux qui connaissent l'angéologie ne devraient pas chercher de liens. Dans le film, Raphaël et Gabriel ne sont pas vraiment des archanges – pas encore, ou plus du tout. Ce sont des anges gardiens émergents, avec une seule fonction, qui est double : ils doivent prendre soin des mortels qui leur sont assignés et ils doivent veiller à ce que la vie des gens se déroule comme elle est écrite dans le grand livre. Quiconque échoue dans cette mission céleste peut s'attendre à être promu archange, voire envoyé parmi les mortels en guise de châtiment et vivre comme un écologiste. Nous comprenons, bien sûr, l'humour sarcastique des créateurs. Un humour cruel, indéniable – ce film est la parabole la plus humaine du travail humain inutile – et si quelqu'un ne rit pas aux éclats ou ne ricane pas avec retenue, c'est qu'il est écologiste, ou le deviendra bientôt. Mais n'allez pas croire que cela incitera quiconque à rejoindre l'équipe de sauvetage des baleines ou à garder les koalas dans le désert australien, car ce film parle d'amour, même si cela semble différent au premier abord. Cupidon n'est pas ici un putto ventru qui tire sur les innocents avec ses minuscules flèches, mais un vieil homme, à moitié aveugle à cause de la cataracte, privé de sa nature angélique (François Berléand ). C'est dommage que le film n'explique pas pourquoi les humains ne peuvent pas tomber amoureux au premier regard (les gens ont tellement de péchés que ça n'a probablement aucune importance), mais heureusement, ça marche la deuxième fois. C'est vrai, ce n'est pas facile.