Cet ouvrage n'est pas une bande dessinée en temps que tel mais un livre revenant sur un temps où la pornographie était illicite. Nous découvrons ainsi énormément de parodies de personnages de BD ou du cinéma qui se retrouvent dans des situations osées, à commencer par Betty Boop ou Popeye, il y a même des figures historiques détournées, notamment un certain Bitler, ou bien des créations totalement fictionnelles telles Superbite (!). L'occasion de revenir en détail sur la culture de la BD adulte, bien plus complexe et intéressante qu'on pourrait le penser de prime abord. Il y a beaucoup de satire et de second degré dans les histoires présentées dans ce recueil, même si d'autres vont directement droits à l'essentiel. Après tout, la télévision n'existait pas en ces temps là, encore moins le streaming sur Internet. Et que dire des acheteurs de ces revues qui n'assumaient pas et craignaient d'être compromis ?

Bernard Joubert est un historien de la bande dessinée qui revient sur une époque où les BD sexuelles n'avaient pas l'autorisation d'être en vente et dont les auteurs risquaient rien de moins que la prison. Ainsi, les ouvrages s'échangeaient souvent sous le manteau et étaient tirés à quelques centaines d'exemplaires seulement, ce qui rend la plupart des mini récits proposés dans cet ouvrage d'autant plus importants. Une chose n'a pas changé cependant, beaucoup d'auteurs ne signaient pas sous leur vrai nom, soit pour se cacher (le risque d'une condamnation judiciaire était important lors de la IVème République), soit pour conserver un relatif anonymat et ne pas impacter leur réputation. Bernard Joubert reconnaît qu'il a été difficile de se documenter sur plusieurs ouvrages d'où l'idée de parler de panorama.