Au cours de ses recherches pour l'émission de radio Simpy Salinger, Valentina Grande a reconstitué la relation entre J.D. Salinger et Sylvia Welter, une jeune ophtalmologiste allemande qui est devenue sa première femme. Une histoire jamais racontée d'où émerge un portrait pas tout à fait flatteur de l'écrivain. Comme vous pouvez le deviner d'après le titre, à travers les yeux et les souvenirs de Sylvia, on découvre le passé de Salinger, alors vétéran de guerre à la recherche d'une légitimité en tant qu'auteur. En 1946, Sylvia a 25 ans lors de sa dernière rencontre avec l'écrivain, le mariage s'effondre au bout de huit mois car, Salinger est juif et la question du passé obscure de sa femme (probablement une sympathisant nazi) restera toujours une énigme. En 1972, la fille de Salinger, Margaret, était avec lui lorsqu'il a reçu une lettre de Sylvia qu'il jeta immédiatement sans la lire. A travers cette bande dessinée, ce sont des souvenirs de Salinger qui s'estompent, se chevauchent, apparaissent dans l'esprit de sa femme comme des fragments d'une histoire d'amour difficile et douloureuse.

La vérité historique et la fiction narrative se chevauchent, et Eva Rossetti, dessinatrice et coloriste de l’histoire, s'attarde sur la mémoire de Sylvia avec des dessins aux tons sépia, ce qui leur confère une saveur rêveuse et mélancolique. Bien que la grille soit régulière, les tableaux soulignent le caractère incontrôlable du flux avec lequel les souvenirs apparaissent dans l'esprit de la femme grâce au mélange et à la fragmentation d'images et de situations extrapolées à partir de différents plans temporels. Les personnages sont quant à eux représentés sous forme semi-réaliste, parfois presque caricaturale.