Dans Un été d'enfer , tout ce que Vera veut faire, c'est s'intégrer - mais ce n'est pas facile pour une fille russe en banlieue. Ses amis vivent dans des maisons luxueuse et leurs parents peuvent se permettre de les envoyer dans les meilleures colonies du pays. La mère célibataire de Vera ne peut pas se permettre ce genre de luxe, mais il y a un camp d'été dans sa fourchette de prix, le camp d'été russe. Vera est sûre d'avoir trouvé le seul endroit où elle peut s'intégrer, mais la colonie est loin de ce qu'elle a imaginé. Et rien ne pouvait la préparer à tout le drame, les leçons d’histoire russe sans fin, et les toilettes sombres tout droit sorti de cauchemars !

Contrairement à son premier album, Le fantôme d'Anya, la deuxième œuvre graphique de Brosgol, gagnante du prix Eisner, est un mémoire de camp d'été qui se déroule dans le monde réel. Sans éléments de fantaisie pour distraire, l'exécution est cruciale, et Brosgol tient ses promesses. Vera, la jeune fille de neuf ans de Brosgol, est une immigrante russe aux yeux écarquillés qui cherche désespérément à s'intégrer à ses camarades de la banlieue. Ils vont tous au camp tous les étés, et quand elle découvre un camp orthodoxe russe que l'église de sa famille va aider à payer, elle convainc sa mère de la laisser partir. Il ne lui faut pas longtemps pour réaliser qu'elle a commis une sombre erreur. Des filles méchantes, des toilettes extérieures puantes et des traditions déconcertantes dans les camps rendent ses premières semaines misérables. Les triomphes arrivent, mais pas avant qu'elle ne subisse des moments d'humiliation à la fois drôles et loufoques (comme lorsque Vera demande à ses camarades plus âgés de lui parler d'un paquet de serviettes hygiéniques). Les dialogues sonnent juste, le rythme est fluide et la composition des pages, en brun et vert boisé, transmet des sentiments aux lignes nettes et assurées. Tour à tour sardonique, adorable et noble, Vera est une héroïne séduisante qui apprend à reconnaître qui est vraiment à ses côtés.