Scénario et dessin : Bryan Lee O'Malley
Couleurs : Nathan Fairbairn
Scott Pilgrim, 23 ans, vit dans une ville canadienne froide et sans nom, joue de la basse dans un groupe appelé "Sex Bob-Omb" et a une très mignonne petite amie sino-canadienne de 17 ans, Knives Chau. Mais il commence alors à rêver de Ramona Flowers, une mystérieuse et mignonne hipster, qui livre des colis pour Amazon.com en rollers. Ramona est tout sauf simple, et l'histoire d'amour d'O'Malley avec d'adorables paresseux se transforme en une aventure fantastique de manga-kung-fu. La jeune femme a sept ex-petits amis diaboliques, et ils vont tous défier Scott. Dans le dernier épisode, Scott venait donc de vaincre le quatrième (enfin la quatrième) ex maléfique de Ramona, de trouver un boulot et d’emménager avec l’amour de sa vie, tout allait bien donc, mais ça n’allait pas durer, bien évidemment. Scott Pilgrim vs the universe, qui porte très bien son titre, nous emmènera assister à l’affrontement de Scott contre les jumeaux ex maléfiques (les ex maléfiques jumeaux ? les ex jumeaux maléfiques ?), mais aussi contre la vie de couple, le passé de Ramona, les soirées à thème de Julie, un groupe qui se délite. C’est toujours un peu difficile de faire le résumé d’un tome vu l’enchainement improbable de scènes qui le composent, mais comme toujours c’est un plaisir à lire. Bryan O’Malley a vraiment le don de croquer des scènes de vie qui sonnent incroyablement vraies (Ramona et Scott dans leur appartement, avec des dialogues parfois très touchants), entre lesquels s’intercalent des passages complètement absurdes d’inspiration très vidéoludique, qui sont aussi épiques que drôles. Évidemment, comme tout avant-dernier tome qui se respecte, le cliffhanger est de mise pour la fin.
Le sixième tome reprend l’histoire après le départ de Ramona, et nous emmène logiquement vers la confrontation finale avec Gidéon, bien que celle-ci prenne son temps pour arriver, et qu’elle ne ressemble en rien à celle du film. Si vous avez vu l’adaptation, ne croyez donc pas déjà tout savoir, si on retrouve pas mal d’éléments, ils ne sont jamais là où on les attend. A part peut-être la vie supplémentaire, bien évidemment, et encore. A l’image des tomes précédents, c’est extrêmement agréable à lire, et si on a toujours l’impression d’être un peu égaré dans l’histoire, à force de suivre les pérégrinations de Scott qui est dans le brouillard 24h/24, on commence à mieux connaitre le casting et retrouver ses marques. Comme d’habitude, on retrouve les dialogues qui fusent et les retournements de situation absurdes et très vidéoludiques, voir un mélange des deux qui est toujours très savoureux. Oui, l’auteur aime briser le 4e mur, mais c’est tellement assumé que ça passe très bien. La grande qualité de ce tome (qu’on trouvait déjà dans les autres, même si ce n’était pas toujours aussi flagrant), c’est que l’histoire ne s’arrête pas à des combats façon jeux vidéo d’ex maléfiques, au contraire, elle aborde des choses très terre à terre. Sous ses délires, toute l’histoire de Scott est un peu celle du passage à l’âge adulte, et sa relation compliquée avec Ramona lui donne l’occasion de mûrir (tous les deux mûrissent d’ailleurs), d’apprendre à s’accepter et à accepter que l’autre ne soit pas non plus parfait(e). On ne s’attend pas du tout à trouver ça dans ce genre de texte et c’est une chouette réussite d’arriver à parler de choses banales au travers d’un univers très geek. Bien sûr que déclarer son amour à qui ce soit ne permet pas de se sortir une épée du cœur, et que personne n’a jamais gagné des vies supplémentaires en dégommant les ex de sa petite copine, mais finalement c’est juste une autre manière de parler de la vie, d’une façon un peu folle ce qui la rend nettement attirante qu’une histoire plus terre à terre.
VERDICT
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Plein d'humour, Scott Pilgrim est un comics très divertissant et qui s'avère assez unique en son genre. Si on pourra lui reprocher un côté parfois un peu confus, et des personnages pas évidents à situer au début, c’est drôle, parfois émouvant, et très agréable à lire. Cette édition Deluxe ultime, agrémentée de bonus inédits, sera le moyen de redécouvrir cette série canadienne détonante.