Scénario et dessin : Etienne Willem
Chicago, 1933... L'Exposition Universelle se tient dans la ville du crime et des trafics en tout genre... d'alcool par exemple. Pas un domaine dans lequel Harry pourrait tremper... enfin, sauf si le besoin d'argent se fait sentir. Entre Howard Hugues et Al Capone, les affaires d'Harry Faulkner vont se compliquer. Et c'est sans parler de ce mystérieux tueur qui souhaite la peau de notre singe cascadeur...
Une chouette métaphore du PBDM actuel (Paysage Bande Dessinéationnel Mondial). En gros la confrontation symbolique des comics, souvent fascinés par les mangas eux-mêmes fascinés par les comics que les Européens regardent fascinés. Un dessinateur de talent, lui-même sous influence en fait ici une synthèse. Autant la porosité stylistique des mangakas se ressent aussi bien en Europe qu’aux États-Unis, autant l’inverse reste très exceptionnel. Le style européen paraissant sans doute beaucoup trop sage pour le lectorat nippon. Peut-être aussi un rapport différent à ce genre, puisque au pays du Soleil Levant la BD est destinée à passer quelques instants divertissants dans un moyen de transport. Dans cette réalité alternative zoomorphe, Étienne Willem rend donc un hommage à la fois aux comics, à leur univers où le fantastique côtoie immanquablement l’extraordinaire (au sens propre du terme), ainsi qu’aux mangas dans lesquels l’extraordinaire (au sens propre du terme) côtoie souvent le fantastique. En général la différence entre ces deux univers provient de la source du fantastique. Le plus souvent chez les Japonais elle relève du y?kaï, cette force / esprit de la nature plus ou moins bienveillant, là où chez les Américains elle incombe la plupart du temps à la science et/ou à des expériences interdites et/ou perverties par des savants fous, quand ce n’est pas à une intervention directe de créatures de l'espace. Avec ce troisième album des aventures des Ailes du Singe dont le héros est aviateur et pas acteur dans Le Magicien d'Oz, Étienne Willem s’amuse avec un scénario (très) simple et des dessins extrêmement dynamiques, lisibles dans les scènes de bataille, à mélanger les canons de la BD contemporaine. Cela lui permet de créer un univers sympathique, totalement décomplexé et assumé. L’ensemble baigne dans une ambiance ocre teintée d’un jaune et d’un vert plutôt vifs. Très lumineux en tout cas.
VERDICT
-
Si cet album s'avère plus original dans ses intentions que dans son traitement, ce troisième tome des Ailes du Singe demeure un grand cru.