Burrow of the Fallen Bear est un roman visuel placé sous le thème des animaux à fourrure avec de multiples options de romance.
Il était une fois.
Développé et publié par Male Doll en collaboration avec Eastasiasoft, Burrow of the Fallen Bear est un roman visuel fantastique sur le thème de l'homosexualité avec de petits éléments de jeu de rôle. Avant d'aborder la narration de Burrow of the Fallen Bear, il convient de préciser qu'il s'agit d'une sorte de suite de Furry Heroes, un autre titre, toujours développé par Male Doll, avec lequel il partage son cadre et son type de personnage (que l'on peut résumer par des furries super-musclés). Les événements de Furry Heroes ne sont cependant pas indispensables pour apprécier ce visual novel malgré quelques références plus ou moins évidentes. Dans le terrier de l'ours déchu, nous nous faisons passer pour Krile, un félin discrètement musclé en quête du trésor de l'ours déchu. C'est un trésor convoité par beaucoup mais caché dans un donjon plein de dangers. Sans parler des légendes qui l'entourent (qui seront toutes révélées). Mais Krile, bien sûr, ne sera pas seul. Oh non, il y a trois grands hommes qu'il va rencontrer au camp et tous les trois, pour une raison ou une autre, ont l'intention d'entrer dans le donjon et de découvrir le trésor caché. Mais ce trio d'aventuriers sera aussi les amants potentiels de notre héros. Boris est un ours géant et joue le rôle d'un médecin. Doté d'une âme aimable et altruiste, il a pour but de sauver des vies et d'aider tout aventurier qui ose entrer dans le donjon. Ulfric, un loup noir d'un tout autre genre, se caractérise par sa violence physique et langagière (il est le plus "extraverti" de l'équipe). Sans compter qu'il a un passé criminel non négligeable.
Enfin, il y a Grivoth, un lutin, curieux croisement entre un dragon et un lion, qui joue le rôle de chercheur et est doté de remarquables pouvoirs magiques. Cet individu est aussi égocentrique que mystérieux et il ne lui faudra pas longtemps pour gagner l'attention du naïf Krile. Enfin, il convient de noter les débuts de Grivoth, dont l'illustration rappelle Geralt de The Witcher dans un moment emblématique (à vous de trouver lequel). Ces trois personnages jouent le rôle des amants potentiels de Krile et c'est avec eux que l'on s'interface la plupart du temps en fonction de nos choix et des conséquences inévitables (typiques du genre visual novel). Il faut dire que l'aventure de Krile et cie fonctionne assez bien, offrant des moments d'action à d'autres plus doux et virant à la romance. Les rebondissements, les pertes, les conquêtes et les petits revirements (dont certains sont assez artificiels) ne manquent pas. L'histoire du jeu n'est pas mauvaise, mais méritait peut-être un peu plus de profondeur, surtout en ce qui concerne les objets "magiques" et le système de défense du donjon lui-même. La longueur de l'histoire est moyenne, et elle offre plusieurs fins alternatives qui, malheureusement, ont un chemin central assez similaire.
A l'heure des choix.
Burrow of the Fallen Bear est un roman visuel et en tant que tel, la chose que vous ferez le plus est de... lire. Et à ce propos, il faut dire que le jeu est entièrement en anglais (pas de sous-titres en français) et que la complexité des textes est calibrée à la baisse. Suivant fidèlement les standards des visual novels, Burrow of the Fallen Bear propose au joueur d'intervenir dans le jeu principalement par des choix. Ceux-ci peuvent modifier certains épisodes et vous orienter vers l'une des fins prévues. Il en va de même pour l'histoire d'amour : c'est à vous de découvrir quel choix peut vous rapprocher d'un ou de plusieurs personnages. L'histoire est racontée du point de vue de Krile et, en plus des dialogues directs, nous pouvons lire ce qui se passe à travers les pensées et la narration de Krile lui-même. Il faut dire que le héros succombe un peu trop souvent à des attitudes adolescentes, notamment en compagnie des trois héros en herbe. Ironiquement, Krile est le moins charismatique de toute la distribution. Comme déjà évoqué, malgré une bonne rejouabilité, le parcours narratif principal est jalonné de moments prédéterminés, qui seront désespérément répétitifs d'un run à l'autre. Principalement, ce que vous débloquerez sera des images statiques représentant le protagoniste et l'amant en service à certains moments. Essayer de débloquer tous ces "moments" en une seule fois est impossible. Et le jeu le prouve dès le début, lorsque vous vous retrouvez face à un marchand qui ne peut vous proposer qu'un seul des trois articles proposés. Ce moment, qui est l'un des rares à évoquer un semblant de jeu de rôle en mode texte, va affecter le cours de l'exploration du donjon.
Cette tendance, qui peut conduire à l'une des fins (tant négative que positive) est à son tour divisée en plusieurs barres, une pour chaque amant plus une autre liée à la santé de Krile. Le minou héroïque va en effet se battre plusieurs fois (et plus) et selon nos choix, il pourra subir des dégâts différents. Vous aurez des moments similaires lors des affrontements, où Krile pourra décider comment agir et quelle stratégie adopter. En fonction de votre choix, il y aura plus ou moins de conséquences. Il faut noter que ces moments, textuellement bien pensés, sont entachés d'un rendu visuel statique et souvent caché derrière un écran totalement noir. Un gadget qui fonctionne les premières fois mais qui fatigue à la longue. Dans Burrow of the Fallen Bear, un moment particulier tire parti de son statut de roman visuel pour permettre au joueur d'explorer un mini-masque en mode texte, avec une carte qu'il peut consulter avant l'expédition. Il s'agit là d'un véritable moment d'exploration qui casse le rythme du jeu, mais qui est une nouvelle fois mis à mal par un rendu visuel répétitif et pauvre. Burrow of the Fallen Bear comporte également une section supplémentaire où vous pouvez trouver divers objets liés aux personnages, y compris des "moments" représentés dans des illustrations spéciales. Les débloquer tous nécessitera plusieurs passages et une bonne mémoire, car vous devrez éviter de faire les mêmes choix.
Une réalisation fonctionnelle.
Le premier choix dans Burrow of the Fallen Bear nous place à la croisée des chemins : faire apparaître les personnages à l'écran avec des illustrations statiques ou avec des sprites animés. Nous avons choisi les sprites et admettons qu'au moins au début, le résultat était assez plaisant. À la longue, cependant, nous avons remarqué que ces sprites étaient peu nombreux, surtout si on les compare à ceux d'Amnesia : Memories. De plus, comme déjà mentionné, le jeu a un rendu graphique discutable pour tout ce qui n'est pas le protagoniste et les amoureux. Les monstres, et surtout les environnements, manquent d'animation et sont mal rendus et anonymes. Le camp initial a un sprite, une sorte de fumée sortant d'un feu dont les flammes sont malheureusement totalement immobiles. De plus, le jeu abuse souvent de la répétition visuelle et de l'écran noir, s'appuyant sur un système d'effets sonores qui ne fonctionne pas toujours.
Il s'agit notamment du miaulement du protagoniste qui est décidément hors de propos. En revanche, le son est très bon, avec quelques pistes audio accrocheuses qui parviennent à bien accompagner la lecture et à distinguer certains moments, dommage pour le petit nombre. De plus, le jeu utilise également le silence, comme pour vous faire attendre un certain bruit. Comme pour l'utilisation de l'écran noir, ce gimmick fonctionne au début mais à la longue, il devient prévisible et presque agaçant. Le portage sur Nintendo Switch s'avère quant à lui assez fonctionnel, il est vrai que ce n'est pas exactement le type de jeu trop gourmand en technique.
VERDICT
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Burrow of the Fallen Bear est un visual novel fantasy dont l'intrigue parvient à divertir grâce à un mélange bien équilibré d'action et de romance. Le jeu pèche surtout par la répétition de quelques gimmicks esthétiques et sonores, avec un rythme pas toujours réussi. Le système de choix est bon, mais il est dommage que les différents parcours pour découvrir toutes les fins prévues risquent de se ressembler trop les uns aux autres.