Désirs Bruts est l'adaptation française de "The Passion of Gengoroh Tagame", un ouvrage paru chez PictureBox Inc il y a près de dix ans.  Provocantes à souhait, les histoires homosexuelles BDSM du maître de la bande dessinée japonaise Gengoroh Tagame sont légendaires pour la virtuosité de leur dessin et leur passion inégalée. L'omnibus comprend dix éditions d'histoires courtes - dont sept inédites en France - datant de la fin des années 1990 à 2012. Avertissement sur le contenu : Cet article traite d'un manga très explicite sur le plan sexuel, avec des scènes de viol, de torture, de BDSM et d'autres sujets connexes susceptibles de déclencher ou de perturber les lecteurs. N'hésitez pas à sauter cet article si ces sujets ne vous intéressent pas. Techniquement, ce livre est un yaoi mais les œuvres de Gengoroh Tagame sont tout à fait différentes du genre : des mangas bara explicites et violents - également connus sous le nom de "men's love", des mangas m/m destinés spécifiquement aux hommes. Pas de dynamique uke/seme ici, juste des hommes adultes et costauds dans des scénarios sexuels. Sauf que Tagame ne joue pas les gentils et ses personnages non plus. En d'autres termes ? Cachez celui-ci loin, très loin des jeunes yeux innocents. Quand c'est bon, c'est bon, mais quand c'est mauvais, c'est méchant. Mais si vous pouvez supporter une pléthore de muscles et de situations non-con, alors Désirs Bruts de Gengoroh Tagame devrait définitivement figurer sur vos étagères. Gengoroh Tagame prend un malin plaisir à faire vivre à ses personnages les scénarios les plus farfelus, qui se terminent généralement par des rapports sexuels pour tous les protagonistes. Il présente aux lecteurs une histoire inoffensive d'un détective qui ne peut résoudre les crimes que par l'orgasme ("Hairy Oracle"), puis met fin à toute idée de similitude entre les autres histoires avec "Arena", dans lequel le voyage d'un combattant professionnel en Amérique se termine par son implication dans une bataille royale sanglante qui se termine par le viol du perdant, pour le plus grand plaisir du public en direct.

Ce qui distingue esthétiquement le travail de Tagame des autres mangaka yaoi, c'est que ses personnages ne sont pas des jeunes hommes gauches aux yeux de rosée et au torse imberbe. Les hommes de Tagame sont des ours adultes avec de gros muscles et des membres encore plus gros qui ne rougissent pas et ne se conforment pas aux stéréotypes uke/seme. Même si le personnage principal d'"Arena" est subjugué par ses adversaires, il conserve un air de domination masculine, ne faisant profil bas que lorsque cela signifierait certainement sa mort. Pour parler franchement : le viol est un thème très répandu dans ce livre. Il est activement utilisé comme une arme pour détruire la volonté des hommes et les transformer en esclaves. Il est utilisé pour tuer. Le viol et la torture sexuelle sont des éléments majeurs de l'intrigue dans plusieurs de ces histoires. Ce n'est pas agréable ou rendu joli pour masquer le fait, et ce n'est que dans une seule histoire qu'un personnage en vient à apprécier l'environnement dans lequel il a été forcé de vivre - mais c'est un peu exagéré de le dire ainsi. Et cela ne se termine certainement pas par une romance ou un amour pour les personnes impliquées, un trope dans lequel tombent beaucoup trop de titres yaoi de toutes origines. D'accord, toutes les histoires ne sont pas des festins de viol qui attendent de se produire. L'une d'entre elles raconte l'histoire d'un médecin de campagne qui reste à l'écart de la ville parce que le sexe dans sa petite ville est si bon (bien que cette histoire ait un rebondissement très surprenant). Une autre est une pièce historique sombre sur un jeune seigneur qui ne peut pas contrôler ses propres habitudes BDSM sombres et son second qui aide volontiers son seigneur à résoudre ses pulsions primitives. Et bien sûr, il y a la pièce d'ouverture, qui est l'histoire singulière de Tagame, plus typique du " yaoi/BL " dans la collection. Peut-on avoir un livre entier sur un type qui résout des mystères délicats en recevant les indices importants par le biais du sexe ? Parce que ça a l'air génial. Le dessin de Tagame est incroyablement détaillé et n'épargne rien à l'imagination. Son style semble se complaire dans les scènes d'anarchie sexuelle, de BDSM et de torture, un matériel explicite dont ce volume ne manque pas. Il y a du sang et d'autres fluides corporels, et Tagame ne lésine pas sur les pénis. Cet homme aime vraiment ses slips moulants.