La lune arc en ciel ?

Lancé en 2012 sur PS3, 2013 sur PS Vita puis en 2016 sur PS4, Rainbow Moon arrive enfin sur Nintendo Switch dans un portage pur et dur. Le film d'introduction nous introduit rapidement dans l'action : nous jouerons le rôle de Baldren, un guerrier occupé à combattre son ennemi juré Namoris. Cependant, le méchant sorcier a préparé un piège pour Baldren, qui transportera notre héros dans une autre époque mais surtout sur une autre planète, Rainbow Moon en fait. Bien qu’il existe des dizaines de personnages principaux et secondaires, rien ni personne ne parvient à soutenir et à valoriser le récit. En fait, le manque d'attractivité de l'intrigue est sans doute le plus gros défaut reconnu dans la production de SideQuest Studios : peu de caractérisation, peu d'imagination et probablement peu d'attention portée au secteur narratif par les développeurs pénalisent considérablement un type de jeu dans lequel, habituellement , l'intrigue est l'un des éléments principaux. Même les missions secondaires ne se distinguent pas par leur originalité et ne proposent pas d'intrigues secondaires adéquates, tout comme les dialogues, jamais particulièrement brillants et souvent verbeux. Ce n'est pas un avis totalement négatif, mais pas non plus très positif : Rainbow Moon, du moins à cet égard, n'introduit rien de nouveau ou qui mérite d'être essayé, faisant de l'intrigue presque un prétexte pour continuer l'aventure.

Comme déjà évoqué en introduction, Rainbow Moon se présente comme un jeu de rôle très traditionnel. Nous sommes confrontés à un jeu de stratégie au tour par tour similaire à "Disgaea" ou "Final Fantasy Tactics", dans lequel nous devrons déplacer notre équipe (composée d'un maximum de trois combattants) sur un échiquier pour vaincre des hordes de créatures et d'autres guerriers. Le système de base est simple et intuitif, enrichi de plusieurs nouvelles options qui peuvent être débloquées en poursuivant l'aventure. Chaque personnage possède sa propre attaque, ses propres compétences et des statistiques différentes, qui peuvent évidemment être améliorées. L'une des principales caractéristiques de Rainbow Moon est sans aucun doute le grind, un terme qui désigne cette sorte de "routine" qui nous amènera à tuer des dizaines de monstres pour passer au niveau supérieur, accumuler de l'argent et obtenir des objets et des matériaux nécessaires à l'artisanat. Cet aspect pourrait être considéré par beaucoup comme un défaut, par d'autres (peut-être plus habitués au genre) comme normal dans un jeu de rôle de ce type : le fait est que pour continuer le voyage vous devrez forcément améliorer correctement vos personnages, vu la difficulté pas trop clémente envers les joueurs.

Un soupçon de naphtaline ? Non pensez-vous ...

Surtout au début, le processus de montée en niveau peut être frustrant, mais au fil du temps, à mesure que vous acquerrez de nouvelles compétences et maîtriserez mieux toutes les dynamiques de jeu, vous apprécierez certainement ce que Rainbow Moon a à offrir. Un autre point positif de ce titre est sans aucun doute la bonne variété de choses à faire et à découvrir. Nous ne parlons pas de quelque chose de révolutionnaire dans le domaine du RPG, mais les nombreuses activités nous amèneront à terminer le jeu en une cinquantaine d'heures, sans parler des nombreuses heures supplémentaires à consacrer à des dizaines de missions secondaires, à l'artisanat et au développement des personnages. Rainbow Moon est capable d'offrir beaucoup de satisfaction, à condition que vous y consacriez le bon nombre d'heures. Si le gameplay nous a satisfait, on ne peut pas en dire autant du secteur technique. Nous parlons d'un titre sorti il ??y a douze ans sur PlayStation 3, produit par un éditeur de logiciels indépendant, c'est vrai, mais de toute façon, on ne peut pas être satisfait du résultat d'ensemble qui n'était déjà pas un foudre de guerre à l'époque. Tout juste trouvera-t-on un rééquilibre de la difficulté sur Switch, mais rien de fondamental.

Les graphismes colorés compensent certains défauts, mais le design général n'est pas très inspiré, il ne met pas en valeur les bonnes choses qu'offre le jeu. Ni les décors ni la conception des personnages ne brillent par leur originalité, avec un bon contenu mais qui donnent la plupart du temps l'impression d'avoir été "déjà vu". Cependant, la variété est excellente, avec des dizaines de monstres différents, des donjons et des îles toujours différents les uns des autres. Même la bande-son ne nous a pas particulièrement enthousiasmé, avec de bons thèmes mais que vous oublierez immédiatement après avoir terminé le jeu. Le son n'est pas mauvais, mais peine encore une fois à s'imposer (à l'exception de quelques très bonnes pistes). Les effets sonores sont bons, mais assez classiques. Malheureusement, contrairement à Rainbow Skies, Rainbow Moon ne comporte pas de sous-titres en français, ce qui, compte tenu de la quantité de texte, est relativement malvenu, d'autant plus dans une expérience qui est de toute façon résolument longue. Enfin, le titre se défend bien dans les deux modes de l'hybride Nintendo, le mode portable étant particulièrement recommandé (et qui fait aussi moins ressortir la pauvreté graphique générale du titre).