Lisbonne, fin 1938. Le Portugal est en pleine dictature salazariste et le régime semble étendre de plus en plus son influence et sa maîtrise de la société. La situation n'est guère plus brillante chez le voisin espagnol, en pleine guerre civile, alors que le régime français porté par le Front Populaire, a décidé de rester neutre dans les affaires étrangères. Au sein d'un journal catholique très conservateur (le Lisboa), le doutor Pereira, un personnage tourmenté et peu adepte des changements, rédige depuis trente ans la page culturelle du quotidien. La fréquentation d'un jeune homme qui vient de terminer ses études, un certain Francesco Monteiro Rossi, va l'emmener à faire lui même sa révolution ... mais culturelle bien sur. En effet, engagé comme pigiste, Francesco va s'éloigner assez vite des sujets courants pour rédiger des articles sur les ennemis du régime de Salazar. De la provocation ? Pereira ne lui en tient pas rigueur et met ça sur le compte de la jeunesse. Mieux, il se lie rapidement d'amitié avec lui, puis pour sa compagne, une combattante révolutionnaire. Un événement tragique va changer pour de bon Pereira et l'amener à se révolter contre les agissements de la PVDE (Polícia de Vigilância e de Defensa do Estado ou Police de Surveillance et de Défense de l'État) qui assassine notamment Francesco. Pereira entend commettre une action spectaculaire pour dénoncer le régime.

Pereira prétend est l'adaptation en bande dessinée d'un roman d'Antonio Tabucchi. L'ouvrage s'intéresse à la prise de conscience d'un homme confronté à la dictature. Le graphisme de Pierre-Henry Gomont (Nuits de Saturne) s'adapte parfaitement au récit, avec notamment un très bon rendu de l'atmosphère. Les couleurs s'avèrent tantôt chatoyantes, tantôt d'une grande froideur, tandis que les traits des personnages sont parfois proches de la caricature. Un carnet de croquis d'une dizaine de pages referme l'album qui est évidemment un volume unitaire.