Ed Piskor est surtout connu pour sa chaîne YouTube Cartoonist Kayfabe. Bien sûr, il est avant tout un dessinateur. Dans la foulée de X-Men : Grand Design, il a commencé à mettre en place un nouveau titre appelé Red Room. Grâce à sa chaîne YouTube et Patreon, Piskor a déjà donné aux lecteurs un aperçu de son processus de création. La plupart d'entre vous connaissent le phénomène des webcam girls. Des femmes qui se donnent en spectacle devant la caméra et accomplissent certains actes dans le domaine sexuel contre rémunération. Imaginez maintenant qu'il existe une nouvelle sous-culture souterraine où un public frénétique pourrait faire la même chose, mais lors de meurtres en direct. C'est donc exactement ce qu'est Red Room. L'endroit sur le dark web où des criminels sans scrupules tuent brutalement leurs victimes devant une webcam et voient leur créativité récompensée par des bitcoins. Dans ce premier volume, nous voyons comment ce monde est construit. L'ouvrage commence par un véritable drame familial. Davis Fairfield doit se débrouiller sans sa femme après un accident mortel et s'occuper seul de leur fille Bree. Davis est un homme travailleur qui occupe un poste dans le département de la justice et semble être une bonne âme. Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité. A cause d'un sombre secret, il est kidnappé par la famille Thelema, exploitante de la célèbre Red Room. Grâce à Davis, nous, les lecteurs, pouvons voir comment ce monde fonctionne. C'est aussi horrible et effrayant que l'on peut s'y attendre. Ce comics est à la hauteur de sa réputation.

Ed Piskor a manifestement travaillé dur sur cet ouvrage et surtout sur sa promotion. Depuis l'automne 2019, il tape sur le tambour et avec succès. Fantagraphics a indiqué que le premier numéro était la meilleure vente de BD de l'éditeur depuis 20 ans. Piskor est un caricaturiste compétent. En tant que lecteur, vous avez une histoire avec un début et une fin dans ce numéro. Le dessin est vraiment bon. Il travaille avec de multiples nuances de gris pour créer une atmosphère. Une grande attention a également été accordée au design des écrans vidéo, notamment au lettrage. Un point bonus pour ceux qui reconnaissent le programme utilisé comme un lecteur vidéo autonome. Malheureusement, on remarque aussi que Piskor est une personne qui sort beaucoup trop peu. Non seulement parce qu'il l'a signalé à plusieurs reprises dans des interviews. On le voit aussi dans le travail. C'est un méli-mélo de romans de gare, de bandes dessinées cultes comme les EC Comics d'antan et de films d'horreur trash. Les personnages sont des archétypes des gens de ces films d'horreur bon marché. Ce ne sont pas des personnes réelles. Il en va de même pour le décor. Un fan d'horreur peut facilement comprendre d'où vient l'inspiration de Piskor. Le cliché impliquant une famille de rednecks est vraiment plat et usé. Pour son travail, cependant, il serait bon que Piskor fasse des choses qui n'ont rien à voir avec la culture pop.