"Les Poings Serrés" est le deuxième long métrage de Vivian Goffette , après un long silence depuis Yam Dam (2013). Cette deuxième œuvre se déroule également dans une petite ville de province et, dans ce cas également, le drame naît d'une situation probable du quotidien. La différence est que dans Yam Dam, le protagoniste est un homme adulte, tandis que dans celui-ci, il est un enfant. Le seul point commun est qu’ils ont eux-mêmes créé le drame. Lucien ( Yanis Frisch ) a onze ans et son père ( Laurent Capelluto ) est en prison pour un crime terrible que la famille a décidé de lui cacher. Il vit avec sa mère Lucie ( Lucie Debay ) et son frère Matteo ( Paulo Schmit ) dans une pension. Lucien, très taciturne et renfermé sur lui-même, a tendance à rechercher la solitude. À la mort de sa grand-mère paternelle, son père se présente à ses funérailles. Il a bénéficié d'une sortie de prison spéciale et sa présence choque tout le monde. Escorté par la police, son père, dont personne n'a parlé depuis des années, devient une obsession pour le garçon qui, à partir de ce jour, décide de le revoir...

Les ploings serrés signifient à poings fermés, et font référence à la colère retenue par le petit Lucien. Un titre qui rappelle 'Les poings dans les poches' (1965) de Marco Bellocchio , mais avec lequel il n'a rien de commun, si ce n'est la description de la vie provinciale. Il s'agit donc d'un film qui se déroule à l'échelle de l'enfant, puisque l'on voit l'histoire se dérouler à travers le regard innocent et insouciant de Lucien. On apprend l'histoire petit à petit, pour que notre jugement prenne aussi conscience à la fin, comme ce sera le cas pour Lucien. On ne comprendra que plus tard les attitudes péremptoires de la mère, qui vont de l'interdiction de posséder un smartphone à l'interdiction de tout contact avec le père. Et de la même manière, nous ne découvrirons qu’à la fin qui est réellement le père. Lucien, étant encore petit et ne connaissant pas l'histoire de l'incarcération de son père, n'est pas capable de faire la distinction entre le bien et le mal (il considère son père comme innocent, tandis que sa mère est une prévaricatrice). C'est un enfant sans amis, qui vit mal et avec colère cette solitude. Une façon d'approcher celle de Vivian Goffette, également auteure du scénario, qui lui permet également d'observer les attitudes des habitants de la commune où vit la famille de Lucien. Une province qui n'est pas sans rappeler celles décrites par Claude Chabrol.