Manon, encore profondément marquée par la disparition en mer de son mari Élio, se promène sur la plage avec sa fille Nina. Soudain, elle croit apercevoir le voilier d'Élio au loin. Prise d'un espoir fou, elle se jette à l'eau. Repêchée par Léan, un marin mystérieux, elle est embarquée sur son bateau de pêche. Commence alors un étrange voyage initiatique où Manon, entre rêve et réalité, va être confrontée à son deuil et découvrir un secret liant la mer, les marins et les fameuses lignes bleues des marinières.

L'idée de départ de Tom Graffin est intéressante : utiliser le motif iconique de la marinière comme point de départ d'un conte marin teinté de fantastique et de réflexion sur le deuil. L'intrigue se met en place de manière assez classique avec la perte, l'hallucination et la rencontre avec un personnage énigmatique. Cependant, le récit prend rapidement une tournure surréaliste et symbolique, ce qui peut à la fois séduire et dérouter le lecteur. L'ambiance onirique et mélancolique est bien installée. L'exploration du thème du deuil et de la reconstruction est au cœur du récit. L'intégration de l'histoire et des spécificités de la marinière Saint James (comme le révèle le sous-titre et un cahier documentaire à la fin) est originale, bien que parfois un peu appuyée. La poésie de certaines scènes et dialogues contribue à l'atmosphère particulière de l'album. Le basculement vers le fantastique peut sembler abrupt pour certains, et l'explication du "secret des lignes" peut paraître un peu tirée par les cheveux. L'aspect promotionnel de la marque Saint James, bien qu'intégré à l'histoire, est très présent et peut gêner ceux qui cherchent une narration purement fictionnelle. Certains éléments de l'intrigue restent un peu flous ou manquent de développement. Le travail de Nathalie Ferlut est un atout majeur de cet album. Son style réaliste, teinté d'une certaine douceur et mélancolie, convient parfaitement à l'ambiance du récit.