Réalisé par Quentin Dupieux.
Florence est follement amoureuse de David et a hâte de le présenter à son père, Guillaume. Mais David n'a pas les mêmes sentiments pour Florence et compte bien s'en débarrasser en la poussant dans les bras de son ami Willy. Après diverses circonstances, ils se retrouvent tous les quatre attablés dans un restaurant perdu au milieu de nulle part.
« La réalité c'est la réalité...au final.... » Florence, David, Guillaume et Willy. Et puis, seul et désespérément comique, le propriétaire et homme à tout faire d'une auberge perdue au bord d'une route de campagne. Dans ce lieu peu engageant, une fille (Seydoux) présente son fiancé à son père (Lindon), qui ne semble pourtant pas très enthousiaste à l'idée de le rencontrer. Mais David (Garrel), lui, se sent mal à l'aise car il n'est même pas sûr d'aimer sa compagne, qu'il voudrait rapprocher de son ami bavard Willy (Quenard). Si la vie réelle parvient à certains égards à surpasser le récit, qui s'avère d'ailleurs être le résultat d'un programme d'écriture automatisé, à certains autres égards, comme l'incapacité à entrer en relation avec les autres et la solitude, c'est le cinéma qui inspire la vie réelle, voire qui la conditionne jusqu'à l'épilogue tragique. Dans le film choisi pour ouvrir Cannes 77, le réalisateur fou de l'absurde Quentin Dupieux nous parle du cinéma et de la vie réelle qui se passent le relais. Quand les sentiments vont là où ils ne devraient pas, le cinéma et l'art narratif en général arrivent, même de manière opportuniste et détournée, comme une solution salvatrice et permettent parfois une seconde chance sans que ceux qui joutent entre ces deux rives ne souffrent de complexes de culpabilité. Un cinéma qui aujourd'hui, entre autres, peut se passer de l'auteur compris comme un être humain pensant, et être le résultat d'une créativité schématique créée par l'intelligence artificielle. La vie réelle et l'histoire racontée ne peuvent se poursuivre que comme deux pistes qui se côtoient, mais qui ne se rencontreront probablement jamais.
VERDICT
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Le deuxième acte n'est peut-être pas le Dupieux le plus inspiré et le plus exaltant que l'on ait vu jusqu'à présent, mais il ne manque pas de matière à réflexion dans cette nouvelle histoire délirante et non négligeable, tout comme il ne manque pas d'une distribution prestigieuse : Léa Seydoux, Vincent Lindon, Louis Garrel, et le Raphaël Quenard de Yannick, affectueux, facile à vivre et un peu rude.