Malcolm X
Plate-forme : Blu-Ray
Date de sortie : 13 Mars 2025
Résumé | Test Complet
Editeur :
Développeur :
Genre :
film
Multijoueur :
Non
Jouable via Internet :
Non
Test par

Nic007


8/10

Réalisé par Spike Lee.

Donner le « X » à quelqu'un, c'est accepter un certain mystère, une certaine possibilité de pouvoir aux yeux d'un pair ou d'un ennemi... Le 'X' annonçait ce que vous étiez et ce que vous étiez devenu : Ex-fumeur, Ex-alcoolique, Ex-chrétien, Ex-esclave. Ce « X » est en effet un viatique de salut, presque le nom différentiel d'un peuple qui crie pour la liberté et la vengeance, mais pour se libérer d'entraves séculaires, il a besoin d'un leader charismatique, clairvoyant et puissant dans sa vision, un leader nommé Malcolm, Malcolm X. Déjà né esclave, Malcom Little est un petit voleur accro à la drogue et aux femmes « blanches », le jeune Noir classique qui tente d'imiter « l'homme blanc », supprimant les frisottis de ses propres cheveux, les imprégnant de potions incendiaires. Il erre dans Harlem, escroquant et trompant des patrons de haut vol, jusqu'à ce que les « rues » de la prison s'ouvrent à lui, cette prison douloureusement innommable qui devient source de valeur, d'une sagesse acquise qui devient conscience d'elle-même et de tout un peuple. Malcolm Little devient Malcolm X, effaçant ainsi douleurs et humiliations passées, ouvrant une voie infinie au nom d'Allah et d'une fière « négritude » ......... Leader incontesté de la « Nation of Islam », Malcolm X s'adresse au cœur des Afro-Américains, prônant le cours d'un nouvel « Apartheid ». Ses mots parviennent partout, au cœur des ghettos où les Noirs survivent, « sales, impurs et dégradés » pour la « civilisation » blanche qui en fait des esclaves à humilier, les mots de Malcolm X parviennent aux centres de pouvoir, blancs ou propriétaires, criant la parole du « semi-divin » Elijah Muhammad, jusqu'à ce que ce « divin » se révèle humain et pécheur, et c'est alors que la voix de Malcolm deviendra quelque chose d'inconfortable, à éliminer à jamais.

Spike Lee décide de raconter le parcours humain de « X », l'un des plus grands militants pour les droits des Afro-Américains, en mettant en scène une parabole humaine passionnante et controversée. Seul Lee pouvait avoir la sensibilité nécessaire pour construire l'histoire personnelle d'un leader charismatique, symbole de la rédemption des Noirs américains. Lee mène à bien une œuvre auto-importante et référentielle, didactique dans son langage, se taillant même un petit rôle, celui de Shorty : ami et compagnon de vol du jeune Malcolm Little. Mais ce n'est pas seulement le réalisateur qui peint l'humanité hiératique de « X », il y a aussi un Denzel Washington mimétique, totalement immergé dans un rôle qui décide d'une carrière entière. Washington, puissant et sûr de lui, se « dédouble » : en Little et en « X », la première partie du film a une saveur nettement « chorégraphique », avec une photographie opaque et rétro, où le jeune Little est un jeune homme flamboyant et exubérant, un habitué des dancings et des boîtes de nuit, une « tête brûlée » que Lee et Washington dessinent selon les canons de l'ironie et de l'iconographie dans le style du « Black Jazz ». De son côté, Lee parle avec le cœur d'un réalisateur qui se fait le champion et le défenseur d'une frange de la population opprimée depuis toujours et victime du racisme hillbilly. C'est le cœur du pur Afro-Américain qui crie son indignation, déclenchée par une mise en scène inévitablement sectaire et polémique, surtout dans la deuxième partie. Mais la première heure est consacrée au triomphe de la « couleur » dans tous les sens du terme, de la peau comme des paillettes criardes des vêtements, non récompensés par hasard par un oscar. Il y a quelque chose d'excellent visuellement, de « séduisant » et d'envoûtant dans la danse « colorée » exécutée par Malcolm et Shorty. Il y a évidemment la référence incisive à la passion des garçons de couleur pour les femmes blanches platine et diaphanes, ici un viatique de perdition et de malversation. Les portes de la prison qui s'ouvrent pour Malcolm le « transforment », et même le film, qui de brillant et exubérant devient sombre et gris. Comme la couleur des « murs pourris » de la prison, lieu d'introspection et de crise d'abstinence pour Malcolm, sa rencontre avec le prisonnier Baines, un homme plus âgé et éduqué, membre de la « Nation of Islam », une sorte de secte de « musulmans » afro-américains, est providentielle. La « Nation of Islam » revendique la fierté et le sentiment d'appartenance à une communauté en marge, refusant les visées intégrationnistes à la Martin Luther King. Baines éduque Malcolm sur les doctrines islamiques du respect de l'âme et du « temple » du corps. Malcolm s'engage ainsi dans la voie de la rédemption personnelle, en adhérant entièrement aux préceptes du révérend Elijah Muhammad, chef incontesté et vénérable de la « Nation de l'Islam », sorte d'« Allah » en chair et en os. La métamorphose apparaît lucide et consciente, elle repose sur les épaules d'un Washington illuminé par le talent et la foi absolue, Spike Lee montre ainsi une bande de l'histoire (afro)américaine jusqu'alors peu connue (selon ses propres termes), éclairant l'œuvre de préceptes et d'une rhétorique d'une forte indépendance. L'incipit est emblématique, il s'ouvre sur un discours de « X » comme le tournant de toute une conscience qui a toujours été humiliée.

Emblématique est la rébellion de Malcolm contre un système qui, malgré toutes les belles paroles, s'arrête à la surface, la « Nation of Islam » se révélant être un organisme pourri et corrompu, avec « l'illuminé » Eliijah Muhammad séduisant ses jeunes secrétaires. Ce que le purisme de Malcolm ne permet pas, même si le film met en scène la relation entre Malcolm et sa femme Betty, interprétée par la talentueuse (et belle) Angela Bassett, une histoire basée sur les préceptes islamiques de « propreté intérieure (et extérieure) », vouée au respect du corps, de la relation et de l'âme. Entre spiritualisme et émotivité, « Malcolm X » se transforme en forteresse du doute humain, Washington se détachant progressivement de « sa » Nation, pour aborder le problème d'une manière moins intellectuelle et polémique, plus fondée sur le spiritualisme et l'empathie avec son prochain. Le voyage à la Mecque est le pas définitif vers une illumination totale, un détachement clairvoyant d'une secte d'hommes d'affaires sinistres. Malcolm est désormais un prophète sur la terre d'Afrique, un lieu d'enracinement corporel et spirituel, un « passeport » pour un salut de l'âme qui n'appartient pas au monde terrestre. La voix de « X » est désormais quelque chose d'inconfortable qui dépasse les schémas et les équilibres, une voix « libre » qui loue la fraternité, destinée à s'éteindre à jamais, au moins dans le corps, la voix et l'esprit de Malcom se verront finalement dans la voix actuelle de Mandela et de nombreux enfants africains......Malcom « X » vivra à jamais.

VERDICT

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Un biopic sur la vie de Malcolm X, l'un des plus grands dirigeants afro-américains de l'histoire des États-Unis ! Ce film de Spike Lee, bien que difficile à représenter sur grand écran, est bien réalisé, très fidèle et très intéressant !

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