Un salon avec un plancher en bois, une cheminée et une grande fenêtre donnant sur la rue voit des familles aller et venir depuis le début du XXe siècle. C'est l'une d'entre elles qu'Al (Paul Bettany), jeune vétéran de guerre, et sa femme Rose (Kelly Reilly), enceinte, fondent après la Seconde Guerre mondiale. Le premier enfant, Richard, surnommé Rick, sera suivi de deux autres. Al est représentant de commerce, voyage souvent, perd son emploi à un moment donné. Il s'adonne à l'alcool, reprend pied professionnellement, mais reste frustré. Rick grandit et devient un homme (Tom Hanks) qui, à 18 ans, ramène sa petite amie Margaret (Robin Wright) à la maison. Margaret est enceinte et s'installe chez Rick, leur fille Vanessa grandit dans cette maison. Margaret souhaite toujours avoir sa propre maison, mais Rick, qui vend des assurances, craint la charge financière. Dans sa vieillesse, Al déménage en Floride avec Rose et laisse la maison à Rick, mais Margaret n'est pas heureuse de cette décision.

Le réalisateur Robert Zemeckis a réuni Tom Hanks et Robin Wright, 30 ans après « Forrest Gump », dans une histoire au thème similaire. Dans le drame « Here », basé sur le roman graphique de Richard McGuire, il s'agit également d'une représentation de la société américaine, mais au fil des générations et des siècles. En face de la villa où le fils de Benjamin Franklin allait et venait, se trouve depuis le début des années 1900 la maison avec le salon, dans laquelle différentes familles font la fête, rient et se disputent jusqu'à nos jours. Mais le personnage central est Rick, interprété par Tom Hanks - rajeuni numériquement - qui a grandi ici et y a ensuite amené sa femme. Ce portrait d'un couple et les particularités stylistiques offrent un divertissement riche. Les figures de style représentent un flux constant de changements, de sorte que l'action peut faire un bond en arrière jusqu'à une idylle pré-colombienne des indigènes et en avant jusqu'à l'époque actuelle. Le salon est tantôt vide, tantôt décoré dans le style de l'époque et de ses habitants. D'étroits cadres virtuels y apparaissent et des personnes s'y trouvent, les cadres se dissolvent, les personnes entrent dans leur quotidien domestique. Les enfants sont assis devant le sapin de Noël, ils sont bientôt plus grands. Même avec ses nombreux personnages secondaires, le film rappelle à quel point le mode de vie social a changé. Seul son noyau, l'esprit de famille, reste pratiquement inchangé. Un couple noir de notre époque enseigne avec force au fils comment il doit se comporter lors d'un contrôle de véhicule par la police. Le fait que Rick et son père Al gagnent leur vie en tant que vendeurs et n'en sont pas heureux rappelle fortement « Mort d'un commis voyageur » d'Arthur Miller et l'adaptation cinématographique de Volker Schlöndorff avec Dustin Hoffman dans le rôle principal. Bien se vendre est ici aussi reconnu comme une attente sociale envers l'individu et comme matière pour ses drames. Rick voulait peindre des tableaux, mais pour le bonheur commun, il doit aussi, comme Margaret, renoncer à ses rêves. Hanks joue à nouveau un Américain moyen décent avec du cœur. Le film de Zemeckis rend hommage avec nostalgie à l'institution familiale, mais surtout aux couples qui se promettent un avenir merveilleux par amour et qui doivent ensuite faire face à la réalité. On les regarde comme à travers un judas. Le regard contemplatif pèse sensiblement sur tous les personnages. Même Rick et ses proches ne développent pas assez leur propre vie dans cette vitrine pour s'approprier correctement l'espace cinématographique sur le plan émotionnel.