L'histoire derrière la production de Justice League est celle du chaos. Pour ceux qui ne l'ont pas suivi de près, il est bon de savoir ce qui a précédé et ce à quoi s'attendre de la nouvelle version de Justice League. DC et Marvel sont des sociétés de divertissement qui ont toutes deux des univers fictifs dans lesquels se déroulent leurs bandes dessinées. Depuis longtemps, des films ont été réalisés pour illustrer ces bandes dessinées. Chez Marvel, le Marvel Cinematic Universe a été créé spécialement dans ce but. DC est différent, mais ce n'est pas particulièrement pertinent pour l'instant. Depuis Iron Man (2008), Marvel a réussi à produire des films de super-héros structurellement divertissants qui s'inscrivent tous dans l'histoire globale et très cohérente des Avengers. DC a également une équipe similaire, à savoir la Ligue de justice. Et c'est là que les choses ont mal tourné dans la production. Pour faire court : le réalisateur à l'origine du projet (Zack Snyder) n'est pas responsable de la version qui a trébuché en premier dans les salles de cinéma en 2017. Il y a eu des problèmes avec le studio, Snyder a dû donner la priorité - avec des raisons valables - aux soins de sa famille, et un autre réalisateur est venu terminer le travail. Ce réalisateur, Joss Whedon (qui a également à son actif les deux premiers films Avengers), a procédé à de nombreux ajustements et a même refait de grandes parties du film. Les fans n'étaient, c'est le moins que l'on puisse dire, pas satisfaits de cette situation. Le film a fait une énorme perte et a été complètement détruit par les critiques. Dans les années qui ont suivi, de plus en plus de fans ont eu vent de la version originale non évaluée de Snyder Cut. Le cri pour cette version, la Justice League telle qu'elle était prévue à l'origine, est devenu de plus en plus fort, accompagné du hashtag #ReleaseTheSnyderCut. DC, comme Marvel, essaie de créer et d'étendre un univers cinématographique. C'est juste que ce processus est plutôt désordonné. Non seulement certains films de DC n'appartiennent même pas à l'univers (comme l'intégralité de la trilogie The Dark Knight), mais les acteurs de certains personnages sont remplacés (Batman a été doublé plusieurs fois), les références aux super-héros eux-mêmes restent désordonnées et incohérentes, et l'histoire globale fait défaut. C'est donc le défi de DC de produire des films cool et autonomes qui offrent quelque chose de différent des films de Marvel.

Le film Justice League de Zack Snyder le fait très bien. Cela paraît fou, mais avoir vu la première version de Justice League au préalable permet de mieux apprécier cette nouvelle version. Et c'est le mot clé : mieux. Beaucoup de choses ont été améliorées par rapport à la version de Joss Whedon. Une déclaration remarquable, car c'était en fait le film tel qu'il aurait dû être. Ce n'est pas que Snyder ait corrigé les erreurs de la version de Whedon. Il n'a fait que mettre au monde sa propre version originale. Mais l'idée que cette nouvelle version est "meilleure" peut jouer en faveur de DC. Parlons d'abord de la longueur. La version du film de Snyder est deux fois plus longue, soit plus de quatre heures. D'un autre côté, le film ne semble pas long. Le problème, c'est qu'avec The Avengers, tous les personnages ont été présentés ou ont fait l'objet d'un film à part entière. Avec Justice League, cela n'a pas encore été le cas dans le film, car Aquaman, Flash et Cyborg n'ont pas eu droit à la moindre histoire. Et c'est exactement pour cela que la version 2017 était si fade : elle ne donnait pas l'impression d'une équipe de héros capables de faire des choses encore plus épiques ensemble que ce qu'ils pouvaient déjà faire chacun de leur côté. Le concept de la Ligue des Justiciers est bien mieux compris maintenant : le fait que la Ligue des Justiciers est une équipe. Chaque membre de l'équipe a droit à un temps de présence suffisant, ce qui constitue un bon point de départ pour le spectateur. Au moins, nous savons d'où viennent les héros et quelle est leur histoire. Nous voyons également plus d'images de la façon dont l'équipe travaille et se bat ensemble. Ce dernier point est en soi une bouffée d'air frais par rapport à la version 2017, qui contenait ridiculement peu de dialogues ou d'action. De plus, même le méchant générique Steppenwolf a un peu plus d'histoire et de caractère. En d'autres termes, nous obtenons plus de ce qui nous avait été promis à l'origine : plus d'histoire, plus de travail d'équipe, plus de dialogue et plus de construction du monde. Tout cela parvient très efficacement à laver l'arrière-goût aigre de la version 2017. Pourtant, ce film n'est pas pour tout le monde. Ceux qui donnent une chance à cette Justice League sans avoir jamais vu les autres films DC risquent de ne pas être ravis. Les films DC présentent certaines caractéristiques auxquelles les nouveaux venus devront peut-être s'habituer. Il y a beaucoup de CGI, de discours génériques sur la "fin des temps" et "l'anti-vie", et le style visuel est également quelque chose que vous devez aimer. De nombreuses scènes ont un aspect et une sensation similaires à ceux d'une cinématique du jeu vidéo Diablo III. Pour certains, c'est positif, pour d'autres négatif.