Même si vous appréciez les films qui mélangent les tons et les genres pour créer quelque chose de nouveau, il faut avouer que le plus gros problème que nous avons avec le film australien Poker Face, réalisé par Russell Crowe, c'est qu'il n'arrive pas à décider ce qu'il veut être. Selon la partie de l'histoire dans laquelle vous pénétrez, le film est une histoire d'amitié entre garçons qui se poursuit à l'âge adulte ; c'est un thriller sur un groupe de voleurs qui s'introduisent dans la maison d'un milliardaire pour voler sa collection d'art pendant que ce milliardaire et ses amis se cachent dans une panic room pour essayer de déjouer le crime ; il s'agit d'un drame familial dans lequel un père mourant tente de préparer le terrain pour sa fille et sa femme infidèle après sa mort ; ou il s'agit d'une histoire tendue sur une partie de poker aux enjeux élevés qui pourrait sceller le destin de son vainqueur. Et bien sûr, parce que Poker Face est tout cela, il n'est en fait rien de tout cela. Sur la base d'un scénario de Crowe et Stephen M. Coates, le film met en scène Crowe dans le rôle de Jake Foley, le milliardaire susmentionné qui, lorsqu'il était adolescent, a survécu à une raclée infligée par des brutes locales grâce à une partie de poker et à ses meilleurs amis. Foley est devenu un joueur de poker professionnel et a fini par utiliser son argent à bon escient. Mais en cours de route, sa femme bien-aimée est décédée, le laissant s'occuper de leur fille, Rebecca (Molly Grace). Il a fini par se remarier (avec Nicole, jouée par Brooke Satchwell), mais leur relation semble plus transactionnelle qu'amoureuse, bien qu'elle ait été une bonne mère pour sa fille.

Comme Jake ne fait confiance à personne, il surveille de près sa femme et ses amis, qui ont tous quelque chose de louche. Les amis adultes sont joués par Aden Young dans le rôle d'Alex, Steve Bastoni dans celui de Paul (qui couche avec Nicole), Liam Hemsworth dans celui de Michael et RZA dans celui d'Andrew. Tous sont convoqués pour un week-end entre garçons, qui se termine par une partie de poker au cours de laquelle Jake donne à chaque joueur 5 millions de dollars en jetons, le gagnant remportant tout. Il s'avère que tous ses amis le trahissent d'une manière ou d'une autre, et cette partie est un moyen de faire table rase du passé, de réparer ce qui a été brisé entre eux et de faire savoir à tout le monde ce qu'il en est de la santé de Jake. Jusqu'à ce que le vol d'œuvres d'art (également imputable à l'un de ses amis) prenne de l'ampleur. Mais le cambriolage rapproche les amis d'une manière à la fois tendue et ridicule. Le plus gros problème de Poker Face (et il y en a plusieurs) est que nous n'avons jamais vraiment compris ce qui motivait Jake à être bon avec ces hommes qui lui ont essentiellement tourné le dos. Pour des raisons qui ne sont jamais complètement expliquées, tous semblent s'être taillé une belle vie (sauf un), en grande partie grâce aux compétences que Jake leur a enseignées lorsqu'ils étaient enfants. Le film est censé nous montrer le pouvoir inébranlable de l'amitié, mais le spectacteur aura surtout envie de poignarder ses amis sournois. Jake devrait construire une relation durable avec sa fille, mais au lieu de cela, il va voir un chaman de fortune (Jack Thompson) après son diagnostic pour obtenir des conseils spirituels, ce qui, je suppose, est la raison pour laquelle il organise le week-end. Tout cela est un peu perdu dans une sorte de brouillard de masculinité, et même si nous avons apprécié de voir Crowe jouer à nouveau - il est en fait très attachant dans le rôle de ce personnage - le film est trop confus dans son approche narrative pour se contenter de s'installer et de laisser le monde nous entourer.