Il était une fois, Gaza en 2007. Après avoir retracé les déclarations délirantes du président américain Donald Trump quant à la possibilité de transformer ce territoire malheureux, disputé et tourmenté en une destination touristique de luxe pour les riches, nous retrouvons un étudiant rêveur nommé Yahya. À première vue, il travaillait comme serveur dans une petite échoppe de falafels tenue par l'extravagant et opulent Oussama Ben Laden. En réalité, c'était un trafiquant de drogue qui, grâce à son charisme et à son assurance légendaires, menait ses affaires louches. Aidé de son jeune et fidèle employé, il exploitait le potentiel du restaurant et utilisait les falafels comme couverture pour dissimuler la drogue qu'il livrait à ses clients. Le marché noir prospère jusqu'à ce qu'Oussama croise le chemin d'un policier corrompu qui déjoue leur plan et conduit l'histoire vers un événement tragique. La rédemption et la vengeance viendront plus tard, lorsque le jeune homme aura réussi à se forger une image radicalement différente de son passé tragique, même en tant qu'acteur principal du premier film d'action tourné dans la bande.

Mêlant fiction et réalité, « Once Upon a Time in Gaza » interroge sans détour nos orientations morales et politiques, notamment celles qui gravitent autour des notions de vérité et de justice, lesquelles, dans le contexte tendu de Gaza, acquièrent une signification véritablement emblématique. Compte tenu du contexte dramatique actuel, introduit dès l'ouverture du film par une allusion à Trump et à son rêve colonialiste fou et effronté, il s'est avéré impossible de tourner à Gaza. « Once Upon a Time in Gaza » a donc été tourné en Jordanie, recréant fidèlement le quotidien des habitants. L'emploi de « Il était une fois » dans le titre est une référence assumée, peut-être téméraire, mais non risquée, à l'univers des contes de fées, et surtout aux films cultes de l'histoire du cinéma tels que « Il était une fois en Amérique », « Il était une fois dans l'Ouest » et « Il était une fois en Anatolie ». Et au final, le film est une sorte de western qui parle de vengeance ruminée au fil des ans et de rédemption. Interrogés à ce sujet, les frères réalisateurs Arab et Tarzan Nasser , dont le précédent travail était "Gaza mon amour"" (2020), offrent une nouvelle interprétation du film, déclarant que « “Once Upon a Tims” n’est pas simplement le titre du film, mais l’expression de ce que Gaza est devenue : un champ de ruines, où l’histoire a été effacée, où le présent est trempé de sang, où l’avenir est de plus en plus bloqué. » Le film se divise en deux chapitres solides, mais ceux-ci ne s'enchaînent pas parfaitement pour former un ensemble cohérent. Néanmoins, les audaces créatives des frères Nasser, qui parviennent à s'affranchir du sombre contexte contemporain du pays et à explorer une réalité au-delà du génocide en cours, sont véritablement admirables.  Pour cette raison également, le film mérite honneur et respect, et le prix décerné dans la section Un Certain Regard du Festival de Cannes 2025 en témoigne assurément, sans pour autant enlever quoi que ce soit à la louable qualité intrinsèque du sujet et au style de réalisation des deux frères cinéastes.