Le nouveau chapitre de Nero, intitulé "D'ombres et de murmures", est illustré par Matteo Cremona dans sa première partie (l'acte 3), puis Emiliano Mammucari (l'acte 4). L'occasion de rappeler que l'édition française de Nero compile deux volumes de la version italienne. Bref, notre histoire se déroule en l'an 551 de l'Hégire, dans la terrible période des Croisades. Notre protagoniste est Nero, un guerrier musulman bourru qui tente de protéger son pays. L'homme n'est pas des plus sympathiques et ne se prive pas d'être violent et féroce avec ses ennemis, mais aussi avec ses alliés. Le guerrier cache cependant un secret : alors qu'il n'était encore qu'un enfant, son père a tenté d'invoquer un puissant démon. Au centre de ce rituel se trouvait Néro, choisi comme victime sacrificielle. Mais le garçon a tué son père au cours de l'exercice et a été marqué d'un symbole, gravé sur son front. Placé sous la garde de son oncle, Néro devient un homme sans peur, qui n'abandonne pas la lutte même lorsqu'elle est perdue d'avance. Et c'est précisément pour cela qu'il est capturé par ses ennemis. Il parvient cependant à s'échapper grâce à l'aide d'un chrétien, qui souhaite rejoindre une grotte près de Damas. L'endroit semble être la demeure d'un démon, capable d'exaucer n'importe quel vœu.  Néro emmène son nouveau compagnon chez son oncle, le Cadi, chef de la cité fortifiée de Tell Bashir. Là, l'étranger est interrogé par le Cadi, qui semble particulièrement intéressé par le Djinn, la créature de la grotte. En effet, la cité fortifiée semble n'avoir aucun espoir face à l'attaque ennemie et son chef ne voit pas d'autre solution que ce démon pour la sauver. Le lendemain, jour de la bataille, le Cadi quitte la cité pour aller réveiller le Djinn. Néron et son compagnon étranger tentent d'arrêter la folie, mais ils sont arrêtés par des esprits et n'arrivent pas à temps. Les démons sont libérés, apportant avec eux la mort et la douleur. Nous nous rendons brièvement à Tyr, une ville portuaire, où une famille tente de partir pour échapper à la guerre. Mais soudain, la ville entière est détruite par un tsunami. Il ne s'agit pas d'un phénomène naturel, mais de l'œuvre de démons libérés par un rituel. Nero et son nouveau compagnon arrivent dans la ville peu après la catastrophe, à la recherche d'une connaissance de l'étranger. Le marchand semble en effet posséder de nombreux écrits anciens qui parlent de ces créatures maléfiques. Il y est également question de la famille de Néron et de ce qui lui est arrivé. Mais alors qu'ils discutent, une créature qui contrôle l'eau les attaque. L'étranger semble plus doué qu'il ne veut le montrer pour déchiffrer les livres anciens. Parviendront-ils à survivre aux démons qui semblent avoir pris possession du territoire de Damas ?

L'histoire devient de plus en plus intéressante. La relation de confiance entre les deux aventuriers, Nero et l'étranger, devient de plus en plus forte. C'est une très bonne chose pour le protagoniste, qui a toujours été peu enclin à se faire des amis. Il y a des innovations importantes dans l'intrigue et de nouveaux personnages, ce qui rend ce volume captivant de la première à la dernière page. Ce que nous apprécions le plus dans cette série, ce sont certainement les illustrations et les couleurs. Les planches sont très détaillées, tant en ce qui concerne le design des personnages que les décors. D'un seul coup d'œil, on comprend immédiatement de quel côté des croisades se situent les personnages, grâce aux détails des costumes. Les couleurs jouent également un rôle important dans Nero. Les planches sont très impressionnantes, avec des effets de lumière et des couleurs chaudes et froides. Elles aident beaucoup à comprendre les différentes ambiances des scènes et, surtout, rendent la lecture beaucoup plus agréable. Enfin, les articles de fond ne manquent pas, ce qui nous permet d'avoir une vision plus large du contexte de cette série. Dans l'ensemble, ce volume est le meilleur de la série jusqu'à présent. Beaucoup de mystère encore à résoudre: les deux hommes charismatiques (chrétien et musulman), le rituel qui est à l'origine de tout, etc.