Enfant de salaud. Ce ne doit pas être simple tous les jours de grandir en acceptant le fait que son père est un salopard et que sa fratrie marche sur un fil sans savoir de quel coté pencher. Il y a forcement ceux qui y trouveront leurs comptes en suivant les pas paternels et les autres, qui se rebelleront ou se soumettront. Dans Chumbo, on suit la famille Wallace pendant une grosse partie du 20e siècle. Dans un contexte politique compliqué à travers les époques et les fortes disparités sociales d’un pays divisé, cette famille issue de la grande bourgeoisie va peu à peu se disloquer au gré des divergences éthiques, morales et économiques. Sur près de 70 ans, Matthias Lehmann va nous présenter un Brésil en mutation. Rouge d’abord, avec la montée des contestations sociales, les révoltes ouvrières et les élections qui sont gagnés par le camps des progressiste. Brun ensuite avec la prise du pouvoir par l’armée, la chasse aux communistes sous la torture, la manipulation et la surveillance. Les deux frères Wallace s’opposent sur tout. La place des femmes, celle de l’amour, des idées ou de l’argent. Rien ne peut les réunir même si tour à tour ils se « sauveront » mutuellement.

On voyage beaucoup, au travers les différents états, les peuples qui les composent, les problèmes qui en découlent. C’est un voyage Brésilien, complet, historique et passionnant. Le trait de Matthias Lehmann est sublime de détails, tout au crayon, alternant les planches de journaux, de propagande ou de pub ce qui donne un tour d’horizon assez dense de la société Brésilienne. Alors il se passe quoi lorsqu’on est radicalement opposé ? Lorsque les souvenirs d’enfance détruisent les capacités d’être au présent ? Que doit-on taire ou réveler ? Nous ne sommes pas surs de vraiment savoir, mais on peut avancer sans, en oubliant les différences au gré des rencontres fortuites.