La collection "Reines de Sang" nous propose différents portraits de femmes qui ont marqué l'Histoire, certaines célèbres (Cléopatre, Aliénor, Catherine de Medicis), d'autres moins connues comme cette jeune prêtresse celte. Dans cette nouvelle série (prévue en trois tomes), nous découvrons donc le personnage de Boudicca et les membres de son clan qui devront faire face à l'envahisseur romain. Son nom signifie "victorieuse" en langue celte et elle va être plongée dans l'horreur de la guerre, même si le côté "furie" de sa personnalité est pour l'instant en retrait. Les petits clans celtes semblent bien désemparés face à la puissance des légions et on ne donne pas cher de leur peau, comme les gaulois avant eux. Le choix de Boudicca déclenchera l'une des révoltes les plus sanglantes de l'histoire romaine, un enfer tragique qui la consacrera comme l'une des plus grandes icônes de liberté et de rébellion de l'histoire. Fort réussi, ce premier volet nous embarque pour un voyage dans le temps à travers les rugueuses landes d'Albion et on se doute que l'atmosphère va s'obscurcir dans le prochain tome au fur et à mesure que l'étau se resserre sur notre héroïne et ses proches.

Boudicca dépeint le monde dur et magnifique d'une Grande-Bretagne celtique imaginaire avec des détails saisissants - ses dieux et ses paysages sauvages, ses sites sacrés et ses traditions de bataille, ses prêtres-poètes et ses reines guerrières. Ce n'est pas un spoiler de dire que Boudicca devient reine. C'était inévitable. Mais c'est à peu près au moment où elle le fait que l'histoire trouve ses jambes. De là, vous êtes guidé le long d'une histoire déclenchée par le mécontentement de Boudicca envers son mari récemment décédé, le roi, et ses pratiques conformes face à l'occupation totale par les Romains. Le compagnon de Boudicca, un jeune druide, sert de présence équilibrante et de réconfort à Boudicca alors qu'elle mène son peuple dans une quête pour chasser la présence romaine actuelle et imminente de leurs terres. Il est facile de voir les motivations de chaque personnage car chacun a suffisamment de temps au premier plan de l'histoire pour que nous n'allions jamais chercher leur raisonnement derrière une action ou une autre. Dans une histoire comme celle-ci, le chagrin et la douleur viennent pour tous. Il s'agit d'une histoire qui n'est pas sans rappeler Spartacus et d'autres grandes histoires de révolte contre ce que de nombreux rebelles de l'époque considéraient comme l'Empire romain tyrannique et sa volonté de conquérir toutes les terres, tous les peuples et tous les modes de vie connus. Et tout comme ces histoires, la joie de Boudicca est dans le voyage, pas dans la destination. Le dessin peut être qualifié de robuste et détaillé. L'action et les décors sont bien représentés avec des lignes audacieuses et des contrastes puissants entre les couleurs.