Rome, 1946 : Delia (Paola Cortellesi) vit dans un appartement en sous-sol avec son mari Ivano (Valerio Mastandrea), sa fille adolescente Marcella (Romana Maggiora), ses deux fils cadets Sergio (Mattia Baldo) et Franchino (Gianmarco Filippini) et son beau-père grabataire Ottorino (Giorgio Colangeli). Outre les tâches ménagères et quelques emplois temporaires faiblement rémunérés, elle doit également s'occuper des soins du despotique Ottorino. Le caractère colérique de son époux l'expose à une violence psychique et physique permanente. Lorsque Marcella doit être mariée à Giulio (Francesco Centorame), un jeune homme de la classe moyenne, Delia pense d'abord pouvoir épargner à sa fille un destin similaire.

"C'è ancora domani" est la première réalisation de Paola Cortellesi, née en 1973 et célèbre dans son Italie natale en tant qu'actrice et présentatrice. Avec la tragicomédie qu'elle a créée avec ses coauteurs Furio Andreotti et Giulia Calenda et dans laquelle elle interprète également la partie principale devant la caméra, Cortellesi a obtenu un succès national très impressionnant qui a même réussi à éclipser des blockbusters mondiaux de l'année 2023 comme "Barbie" et "Oppenheimer". Cortellesi explique qu'elle a été inspirée par les histoires de vie de ses propres grands-mères. Le caractère dramatique des biographies s'est toujours accompagné d'un sourire dans leur description. Le film exprime cette ambivalence de manière très cohérente dans sa narration. Les images en noir et blanc que la réalisatrice trouve avec son cameraman Davide Leone célèbrent l'esthétique du néoréalisme italien. Pourtant, il ne s'agit pas ici de nostalgie. Le regard moderne est toujours présent, par exemple dans la musique de Lele Marchitelli. La brutalité à laquelle la protagoniste Delia est constamment confrontée dans son mariage avec l'irascible et chauvin Ivano, Cortellesi la transforme en chorégraphies de danse sous forme d'intermèdes musicaux ; les blessures infligées disparaissent directement de manière magique. Cette représentation ne minimise pas la violence, mais démontre à quel point ces actes faisaient partie du quotidien des femmes de l'époque. Pendant longtemps, Delia ne remet pas en question ce comportement ; une échappatoire semble impensable. Malgré son cadre historique, "Il reste encore demain" est (malheureusement) toujours pertinent aujourd'hui. Nous assistons à un processus d'émancipation qui concerne également la fille de Délia, Marcella : l'adolescente doit comprendre qu'il est faux d'accuser sa mère de faiblesse et de tout mettre sur le dos de la victime de la violence. La résignation de Delia qui se transforme peu à peu en désir de changer les choses est interprétée de manière captivante par Cortellesi.