Le Successeur est à nouveau un drame et plonge également, cette fois avec encore plus d'intensité, dans les codes du thriller et de l'horreur. Malheureusement, en raison d'un rebondissement qui cherche à surprendre complètement le spectateur, nous pouvons à peine développer cette critique. Le protagoniste, Elías, est un créateur de mode qui vient de prendre le contrôle créatif d'une marque parisienne de haute couture. Lors du défilé inaugural, il commence à ressentir une gêne cardiaque qui pourrait être un syndrome hérité de son père, avec qui il n'a aucune relation. Tout en hésitant à le consulter sur sa santé, il reçoit la nouvelle de son décès. Apparemment, personne ne veut s'occuper des funérailles, alors le créateur se rend à Montréal, chez son père, où il fera face à l'inattendu. Xavier Legrand aborde une nouvelle fois la paternité comme un élément toxique. Bien que le protagoniste semble vouloir ignorer complètement ce qu'était son père, il a hérité de lui ses pathologies. Les événements soudains le mettent au défi de décider s'il a également hérité d'autres choses...

Le film s'ouvre sur un élégant défilé de mode, permettant au réalisateur de resserrer l'action avec la caméra et de déployer la bande-son dans toute sa splendeur. De plus, il construit une spirale visuelle, symbole de la descente aux enfers à venir. C'est une réussite de placer le protagoniste dans un monde aussi soigné, sensible et perfectionniste que celui de la mode, pour que les actions à venir nous désorientent encore plus. Legrand nous invite à apprécier (ou à souffrir) en regardant le personnage principal tenter de surmonter une situation qui, comme des sables mouvants, l'enfonce encore plus profondément à mesure qu'il tente de l'éviter. L'excellent travail d'acteur de Marc-André Grondin nous fait ressentir de très près tout le stress et la terreur auxquels le protagoniste est confronté. Un autre grand allié du film est la capacité du réalisateur à travailler avec le hors-écran, ce qui nous oblige constamment à compléter mentalement les actions qui se déroulent en marge de l'écran.  Cependant, pour pousser le cauchemar du Successeur jusqu'à ses conséquences ultimes, le scénario force un peu maladroitement, la réaction du public. Pour éviter les spoilers, nous dirons que le film est lié à deux films dont nous sommes sûrs que le réalisateur a tiré plus d'éléments qu'il ne l'admet. L'un d'eux est un film autrichien de Markus Schleinzer , aussi déplaisant qu'hypnotique, et l'autre est un thriller commercial, divertissant mais sans plus, du réalisateur Vaughn Stein.