Scénario : Hervé Bourhis
Dessin : Lucas Varela
Il n'est pas très courant de trouver des bandes dessinées avec le degré de cohérence que possède cette fiction de type comédie. Hervé Bouris et Lucas Varela posent, avec une argumentation plausible, comment une entreprise française de photocopieurs a pu mener la révolution informatique, les technologies de communication et le développement des réseaux sociaux. Ils le font, tout d'abord, en s'inspirant de certains événements réels qu'ils documentent à la fin du livre. Mais ils s'intéressent également à des aspects qui ne sont pas liés à la diffusion de la R&D. En fait, la BD ne se mêle pas de donner des explications technologiques au-delà du niveau de l'utilisateur. Et elle le fait en capturant les facteurs de conditionnement individuels et sociaux qui entourent l'ensemble du moment. L'ambition compétitive, l'envie, le développement de l'ingénierie dans les RH et les RP ou la création de communautés autour de l'entreprise. Et très spécialement, la discrimination des femmes, un aspect qui se rattache à une certaine révolution domestique parallèle.
À cet égard, le scénario bien structuré par étapes, qui construit d'abord l'histoire en regardant du présent vers le passé (1975) dans lequel tout se passe, encadrant ainsi l'histoire et permettant sa réflexion à distance, est nécessaire. Et deuxièmement, en racontant une "montée et descente" très solide et (nous insistons car cela nous semble être sa meilleure caractéristique) cohérente. En tout cas, il ne faut pas oublier que l'album est conçu comme une sorte de comédie, malgré la justesse de ses expositions. Nous n'avons pas de mal à l'imaginer, précisément, comme un film espagnol. En cela, le dessin et la narration de Varela sont déterminants : clairs et fluides, pour raconter l'histoire, et contrôle du tempo pour certaines scènes qui nécessitent une vision comique. Nous avons trouvé que c'était une bande dessinée très intéressante qui peut attirer l'attention de beaucoup de gens.
VERDICT
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Le Labo, au-delà de la question technologique, parle de la façon dont nous sommes dans une société capitaliste qui recherche le succès sans penser aux conséquences. C'est la grande ironie qu'il présente : comment nous voulons atteindre l'avenir... sans penser à l'avenir.